Sur la côte sud de l’Italie, dans une région où la mafia impose sa loi, Riace fait figure d’exception. Rare village à s’être porté partie civile contre elle, dirigé par un maire engagé avec ferveur du côté des plus faibles, Riace est aussi le théâtre d’une politique inédite d’intégration des migrants. En 1998 en effet, lorsque deux cents kurdes se sont échoués sur ses plages, au lieu de chercher à s’en débarrasser ou à les disperser, le maire les a accueillis dans sa commune, que l’exode rural avait désertifiée. Pour se donner les moyens que l’intégration ne reste pas qu’un vain mot, il crée l’association Città futura, qui gère depuis les cours d’italien et la formation professionnelle à destination des migrants. Installés dans des maisons laissées à l’abandon par les aspirants urbains, ceux-ci apportent désormais un nouveau souffle de vie au village. Shu Aiello et Catherine Catella filment cette expérience réussie, nous offrant un précieux contre-point à tous les discours xénophobes dont certains politiques et les media qui les relaient nous rebattent les oreilles constamment.

F.L.