Olga est une jeune fille que les violences qu’elle a subies dans l’enfance ont endurcie jusqu’à la misanthropie. Le regard méfiant et farouche, les épaules rentrées, elle aborde le monde sur la défensive. Taiseuse, elle est incapable de créer une véritable relation, même avec ses rares amantes. Se considérant victime de la société, rejetée partout où elle tente de s’insérer pour sa bizarrerie et son homosexualité, elle se radicalise pour se venger de tous les hommes.

Le noir et blanc donne à Moi, Olga une dimension atemporelle, et en même temps, le thème résonne tristement avec notre actualité brûlante. Le film élude l’enfance traumatique d’Olga pour se focaliser sur ses conséquences lors de l’adolescence, au moment charnière où elle doit choisir de vivre ou de mourir. On la voit perdre souvent et reprendre quelquefois espoir. Les médecins la diagnostiquent schizophrène, ce qui à ses yeux n’est qu’une tentative de disqualifier sa lucidité. Avec détermination, elle revendique au contraire de faire sciemment de sa mort un acte utile à la cause des souffre-douleurs. La fascination du film repose en grande partie sur le charisme de sa jeune interprète principale, Michalina Olszanska, qui, avec ses faux airs de Scarlett Johansson et son regard intense, donne une vraie consistance à Olga, grande héroïne tragique.

F.L.