Laloux est un maître de l’animation française qui n’aura pas eu la reconnaissance qu’il méritait. Il aura en effet passé plus de temps à essayer de réunir de l’argent pour ses projets animés de films de science-fiction que de les réaliser. Dans un pays où les territoires de l’imaginaire sont ignorés voir moqués, il aura en tout et pour tout mis en scène 3 longs-métrages d’animation en 30 ans. Des oeuvres fortes réalisées en collaboration avec des grands noms de la bande dessinée et/ou de l’illustration tels que Topor (La Planète sauvage), Moebius (Les Maîtres du temps) ou enfin Caza (Gandahar).

Sur Les Maîtres du temps, outre Moebius, nous retrouvons en tant que scénariste Jean-Patrick Manchette qui est chargé d’adapter le roman L'Orphelin de Perdide écrit par Stefan Wul. Après avoir travaillé avec la Tchéquie pour La Planète sauvage, Laloux externalise l’animation dans un autre pays du bloc de l’Est et engage un studio hongrois. Une collaboration difficile, qui a conduit à une animation souvent inégale dans Les Maîtres du temps. On alterne dans le film entre le sublime à l'image de cette scène mémorable de la planète des pirates, et les séquences à peine animées et esquissées lors des dialogues entre les différents protagonistes dans le vaisseau. Il faut quand même savoir que le style graphique de Moebius aurait posé problème à nos amis hongrois plutôt lents dans l’exécution, son souci du détail s’accordant mal avec l’image en mouvement.
À la fois philosophique, abstrait et poétique, Les Maîtres du temps est un voyage envoûtant. 

La France peut se targuer d’avoir produit un tel classique de la science-fiction. Une oeuvre d’une intelligence rare comme en témoigne son final qui restera dans la mémoire de ses spectateurs. À voir absolument !

Mad Will