Radio France Plurielle, la radio qui diffuse des bonnes nouvelles, reçoit l’équipe de Vigi’s, « la start-up française qui révolutionne l’économie internationale » en notant les entreprises non plus en fonction de leur rentabilité financière mais de leur responsabilité environnementale et sociale. Pour les auditeurs, le fondateur de Vigi’s revient sur son parcours de la précarité au succès.

Si Thomas More vivait encore, il pourrait signer cette brillante uchronie. Brouillant sciemment la frontière entre réalité et fiction, Vincent Glenn met en scène avec une autodérision savoureusement caustique son propre personnage de réalisateur précaire gauchiste, dont le processus de transformation personnelle va entraîner providentiellement une révolution citoyenne. A partir d’un canevas réaliste, il s’amuse à imaginer ce que deviendrait le monde si enfin, grâce son application révolutionnaire, le comportement d’une majorité de consommateurs changeait au point d’entraîner une vertueuse course à l’éthique de la part des entreprises. En nous projetant dans un futur proche tout à fait crédible où l’économie cesserait de marcher sur la tête, il produit une narration optimiste qui pourvoit nos imaginaires d’un horizon désirable vers lequel se mettre en marche. L’une des vertus de cette projection est de démythifier la violence des bouleversements nécessaires, source des inquiétudes en grande partie responsables de l’inertie sociale. En donnant à voir une transition douce, Vincent Glenn met utilement en lumière un type de révolution dont il n’y aurait pas à craindre les dommages collatéraux puisqu’elle ressemblerait à un dîner de gala. L’une des séquences emblématiques du film voit ainsi un dirigeant d’entreprise s’étonner d’avoir eu si peu à faire pour passer d’un score médiocre à un score élevé dans la baromètre Vigi’s : simplement déménager son siège social du Luxembourg vers la France ! Enfin, au-delà de ces aspects prospectifs, Enfin des bonnes nouvelles nous fait souvent rire jaune quand il dénonce en filigrane, par le récit de l’évolution enchantée du monde uchronique, la tragicomique irrationalité du monde actuel. 

F.L.