A l’occasion de la création du dernier film de sa carrière, Rocco Siffredi se confie dans un documentaire qui interroge le normal et le pathologique de la sexualité. Le célèbre acteur de films pornographiques se confie sur les origines de son addiction au sexe, sur les souffrances morales qu’elle fait naître en lui, sur les enjeux de l’exercice d’un métier socialement stigmatisé et de sa conciliation avec une vie de famille.

Rocco nous permet de rencontrer la star incontestée du X, mais aussi les personnages qui gravitent autour de lui : le cousin qui réalise nombre de ses films, éternel second contraint à la sublimation, comique malgré lui ; l’épouse compréhensive, en laquelle il voit une sainte immaculée ; les actrices pornographiques qu’il engage comme partenaires de jeu, et parmi elles, une au-dessus des autres, Kelly, l’alter ego féminin. Le témoignage de Rocco mis en perspective avec celui de cette dernière est particulièrement intéressant. Alors que lui se dit rongé par la culpabilité et opère une distinction stricte entre deux parties de sa vie, demeurant enfermé dans la bonne vieille dichotomie religieuse du pur et de l’impur, elle n’est en aucun cas hantée par la croyance en l’anormalité ou l’amoralité de sa sexualité. Mais prenant conscience que la société n’est pas à son image et qu’elle sera d’ailleurs d’autant plus cruelle à son égard qu’elle est une femme, cette situation la pousse au contraire à persévérer dans son idée première. Finalement, Rocco est l’occasion d’une découverte dépassionnée d’un métier prêtant à tous les fantasmes, mais aussi de l’exploration de deux façons différentes de gérer une sexualité hors-norme.

F.L.