« En général, dans un film hollywoodien, à partir de la 5ème minute, on peut prédire tout ce qui va se passer. Salt and fire est imprévisible. » Werner Herzog respecte pleinement cette déclaration d’intention. De bout en bout sur son film plane une inquiétante étrangeté. La prise d’otage d’ouverture est tout sauf conventionnelle et rien de ce qui suit ne l’est davantage. Quand elle essaie de savoir pourquoi elle est retenue prisonnière, la protagoniste (Veronica Ferres) n’obtient ainsi de son geôlier que digressions philosophiques autour d’une phrase sibylline que répète un perroquet… Ignorant constamment à quelle sauce elle va être mangée, elle est ballotée, et nous le sommes avec elle, dans une incertitude captivante. L’expérience existentielle que lui impose son atypique preneur d’otage (Michael Shannon) est un prétexte qui permet au réalisateur de développer de nombreuses pistes de réflexion sur le réel et ses représentations. Stimulant !

F.L.