En revenant sur sa petite histoire, Franssou Prenant nous invite à un voyage dans le temps qui nous permet de (re)découvrir la grande Histoire de l’Algérie des années soixante à aujourd’hui et de mesurer l’impact des bouleversements politiques sur la vie quotidienne des Algériens. Pour ce faire, la réalisatrice et épouse de l’ambassadeur de Madagascar filme les habitants d’Alger dans leurs occupations ordinaires et même son propre témoignage – souvent corrosif – aux leurs, elle évoque l’évolution du rapport des Algériens à la politique, à la sexualité et à la religion, de l’Algérie française à l’Algérie mondialisée et islamisée en passant par l’Algérie socialiste et celle de la décennie noire qui a profondément marqué la jeune génération.

Au-delà de son intérêt historique, Bienvenue à Madagascar vaut aussi pour sa forme très créative. En effet, Franssou Prenant orchestre un double jeu d’échos entre des témoignages se répondant voire se superposant d’une part et ces récits et les images cartes postales qu’elle a captées au hasard des rues d’Alger. Ce faisant, elle évite radicalement la monotonie de nombreux documentaires, mais le rend plus exigeant pour le spectateur, qui aura parfois les oreilles fatiguées à essayer de capter toutes les paroles des témoignages superposés (ce contre quoi la réalisatrice conseille utilement d’écouter sans essayer de tout comprendre).

F.L.