Dans les années soixante, le Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre-mer (BUMIDOM) encourage de nombreux insulaires à venir vivre et travailler en métropole en agitant l’appât trompeur de l’égalité. A leur arrivée, ils déchantent rapidement lorsqu’ils découvrent que les seuls travails qu’on veut bien leur confier sont ingrats. Lassés de la lenteur des combats syndicaux, quatre complices créent le gang des Antillais pour prendre à la France les miettes de ce qu’elle leur a promis et jamais donné.

Mené sur un rythme trépidant au son d’une bande originale jazzy en parfaite adéquation avec le sujet du film, Le gang des Antillais, adaptation du roman dans lequel Loïc Lery conte sa vie de misère et de lutte, passionne par la force de ses enjeux politiques et existentiels. Un peu à la manière des Justes de Camus, le film nous immerge au sein d’un groupe de militants radicaux qu’on voit évoluer, au fil de leurs expériences, dans leur positionnement quant à la dialectique des fins et des moyens. Que faire de l’argent récolté ? A quel moment s’arrêter ? Quel futur se créer ? Comment ne pas se tromper d’ennemi et une fois qu’on l’a identifié, par quel moyen l’atteindre ? Plutôt que de donner des réponses, Le gang des Antillais retrace surtout la maturation d’une subjectivité politique… Captivant.

F.L.