Christian et Marie-France se sont mariés parce qu’ils ont senti qu’ensemble ils auraient la force de réaliser leurs rêves. Ils en réalisent un premier alors que leurs enfants ont une dizaine d’années, en partant autour du monde pour un « voyage à travers chants ». Quand sonne l’heure de la retraite, ils se rendent au Cambodge dans l’idée d’aider un peu la population locale. Leur projet prend vite une ampleur qu’ils n’auraient jamais imaginée. A Phnom Penh en effet, « ouvrir une école, c’est fermer une décharge ». Ils se donnent alors l’objectif de sortir le plus d’enfants possible de l’extrême misère par la scolarisation, puis par la formation professionnelle.

Le montage chronologique de Xavier de Lauzanne nous permet de mesurer l’impressionnant impact que peuvent avoir deux individus sur des milliers de destinées humaines. De 1995, date de la fondation de l’association « Pour un Sourire d’Enfant », à aujourd’hui, nous voyons sortir de terre une classe, puis d’école en école tout un complexe d’établissements scolaires allant de la crèche au lycée professionnel. Cela constitue une preuve par l’image que Rome ne se bâtit pas en un jour, mais qu’elle se bâtit très bien en quelques années à condition d’oser poser une première pierre et de persévérer ensuite pas à pas. Les interviews des enfants, à l’époque où ils viennent d’être recueillis, confrontent à une barbarie glaçante, presque insupportable. A l’inverse, leurs témoignages vingt ans plus tard sont une véritable source d’optimisme. Ils démontrent en effet que le développement d’un individu n’est jamais définitivement stoppé par le malheur, et reprend dès lors qu’il peut s’adosser à des tuteurs de résilience, en l’occurrence ici l’amour de Christian et Marie-France, et l’école. En nous permettant de découvrir leurs destinées, Xavier de Lauzanne nous redonne la foi dans le pouvoir de l’action humaine. 

F.L.