Hélène, jeune autiste, a une conscience peu développée de ses limites corporelles. Son rapport au monde est donc très différent du nôtre, proche du sentiment océanique qu’atteignent certains mystiques témoignant que tout est Un. Le langage oral ne lui est pas accessible. Depuis des années, sa mère travaille sa psychomotricité pour l’amener pas à pas vers la communication verbale. Grâce à une boîte à lettres, elle a déjà permis à sa fille de s’exprimer par écrit. Sans avoir jamais appris à lire et à écrire à l’école, Hélène révèle un talent littéraire indubitable qui lui permet même de publier plusieurs essais et pièces de théâtre. Avec « l’œil goguenard de sa caméra », Julie Bertuccelli a filmé Hélène lors de la période où l’un de ses livres était porté au théâtre par Pierre Meunier. Il en ressort le portrait d’une artiste atypique dont le décalage entre ce que son comportement laisse transparaître et la réalité de son monde intérieur fascine. On est vite pendu non pas aux lèvres mais aux doigts d’Hélène qui manipulent les lettres pour former les mots qu’on essaie de deviner et qui arrivent toujours à nous surprendre. On reste admiratif également devant l’énergie et la sagacité de la maman d’Hélène. Un film qui apportera de l’espoir aux parents d’enfants autistes et de l’émerveillement à tous. 

F.L.