Un couple emménage dans un appartement ayant précédemment appartenu à une « femme aux mœurs légères ». Un soir, confondue avec la précédente locataire, Rana se fait agresser. Son mari n’a plus qu’une idée : venger son honneur personnel.

Après une assez longue mise en place des éléments de l’intrigue, Le client devient passionnant à partir du moment où le mari (Shahab Hosseini, prix d’interprétation masculine à Cannes) retrouve la trace de l’agresseur et doit composer entre son désir de vengeance et l’empathie qui le saisit inévitablement devant la personne qu’il rencontre en chair et en os. Le visage humain, dès lors qu’il enclenche un mécanisme de compréhension, rend tout d’un coup le jugement beaucoup plus difficile. On observe alors cet homme se débattre entre ses pulsions virilistes, ses rationalisations morales autour du sens de l’honneur et son inévitable compassion. Loin de tout regard dogmatique, Asghar Farhadi met en scène la complexité des processus d’offense et de réparation dans la vie réelle, lorsque les individus refusent de faire appel à l’institution judiciaire. Les partisans du pardon côtoient les nostalgiques des humiliations publiques. Dans un pays où la peine de mort n’est pas abolie, Le Client donne de la chair et de l’épaisseur à ces enjeux.

F.L.