La mort de son jumeau est un véritable déclic pour Willy (Daniel Vannet) qui se décide enfin à réaliser seul les rêves qu’ils avaient formés à deux : quitter la maison familiale isolée pour prendre un appartement à Caudebec, acheter un scooter et se faire des amis.

Premier long-métrage de quatre jeunes réalisateurs issus de l’école de cinéma de Luc Besson, Willy Ier se révèle inégal. Dans la première partie, la reconstitution de l’histoire de leur acteur principal, dont le scénario s’inspire largement, met souvent mal à l’aise. Le film louvoie entre cinéma-vérité sur la fracture territoriale et comédie maladroite exploitant le naturel déconcertant d’un déficient mental léger. Dans la seconde partie en revanche, les réalisateurs assument une envolée dans la fiction en développant l’apprivoisement réciproque de Willy l’inadapté et de son collègue de travail stigmatisé pour son homosexualité (Romain Léger, magnifique). La mise en scène se fait plus osée et plus convaincante. La gêne laisse alors place à l’émotion, l’alliance de ces deux cabossés de la vie contre les préjugés des Normands moyens prenant aux tripes. Malgré ses imperfections, Willy Ier a le charme et le mérite des films véritablement populaires, qui n’hésitent pas à prendre pour sujet la France profonde, son quotidien et ses évasions.

F.L.