Shahrbanoo SADAT nous présente des chroniques d’un village du nord de l’Afghanistan, loin des images habituelles de guerre, d’attentats et de troubles politiques qui nous parviennent habituellement de ce pays. Seule la dernière séquence nous montre les villageois s’enfuyant à l’annonce de la venue d’hommes en armes d’origine non précisée. Cette séquence de clôture semble le symbole de la disparition d’un monde dans lequel la réalisatrice a vécu et qu’elle fait revivre le temps d’un film. Revivre au sens propre puisque le village a été reconstitué au Tadjikistan, le film n’ayant pu être tourné en Afghanistan pour des raisons de sécurité. Les acteurs ont donc été « importés » pour jouer le quotidien des habitants du village. Les relations entre villageois ne sont pas très apaisées mais l’on a presque l’impression de se retrouver dans quelque chose de connu tant les commérages, problèmes de voisinage, préoccupations de la jeunesse nous sont familiers. D’un autre côté nous sommes totalement dépaysés par une mythologie inconnue que l’on découvre au fur et à mesure des histoires que se racontent les villageois, par une justice particulière, « combien vaut un œil ? », ou par une toute autre façon de concevoir l’éducation.

Les images sont magnifiques et l’on sort de ce film à regret, ayant envie d’en savoir plus sur ce monde qui nous était étranger et l’on remercie la réalisatrice pour ce témoignage qui permet que cette société ne soit pas totalement oubliée et portée au catalogue des civilisations disparues.

Laurent Schérer