Pensionnaires d’un établissement psychiatrique, la villa Biondi, Béatrice (Valéria Bruni-Tedeschi) et Donatella (Micaela Ramazzotti) sont opposées par leurs origines sociales et leurs pathologies. Malgré cela, la première adopte la seconde et elles deviennent bientôt l’une pour l’autre le moteur qui leur donne l’envie de continuer à aller de l’avant à la recherche d’un peu de joie. Au-delà de leurs différences, elles se rendent compte qu’elles ont affronté depuis l’enfance la même méchanceté humaine, lutté pour combler le même mal de vivre.

L’énergie de Valéria Bruni-Tedeschi et les aventures rocambolesques dans lesquelles elle embarque une Micaela Ramazzotti apathique font de Folles de joie un film particulièrement dynamique. La tragique histoire de Donatella ajoute à ce road-movie désaxé ce qu’il faut d’émotion. Le film est aussi l’occasion de découvrir la psychiatrie à l’italienne, jusqu’à tout récemment système à deux vitesses où s’opposent ‘’centres de santé mentale’’ et ‘’hôpitaux psychiatriques judiciaires’’. Les premiers ressemblent à la villa Biondi où se rencontrent Beatrice et Donatella. Les malades y circulent librement et peuvent participer à des coopératives de travail, qui leur permettent de ne pas rester centrés sur leurs symptômes, de gagner un salaire et de se réinsérer le plus rapidement possible. Dans les seconds, l’accueil rime généralement avec contention, à l’image de la prise en charge musclée que subit Donatella lorsqu’elle est arrêtée par la police avant que son éducatrice ne puisse l’intercepter. Au générique, Paolo Virzì se félicite de la fermeture récente des six derniers ‘’hôpitaux psychiatriques judiciaires’’ italiens, un progrès dont son film nous permet d’apprécier la valeur.

F.L.