Victimes d’un règlement de compte familial, Kubo et sa mère vivent cachés dans une grotte. Afin de gagner sa pitance, le jeune garçon utilise ses talents de conteur pour susciter la générosité des passants. Un soir, oubliant le couvre-feu maternel, il devient vulnérable à l’emprise de son grand-père et de ses tantes maléfiques, maîtres du royaume de la nuit. Dans l’espoir de les vaincre définitivement et de cesser de vivre dans la terreur, il se met en quête des trois éléments dispersés de l’Armure magique qui rendait son père invincible. C’est le début d’un voyage initiatique dans lequel il doit affronter ses peurs et résister aux tentations des ténèbres.

Ancré dans le Japon médiéval, Kubo et l’Armure magique séduit par la beauté mais surtout par la noirceur de son univers. Le film d’animation résiste en effet à l’idée de prendre les enfants pour des imbéciles en édulcorant l’âpreté des conflits du réel. On y retrouve au contraire toute la rudesse des contes de Perrault, Grimm et Collodi, ou encore des mythes antiques. Or, la grandeur du choix final du héros vient justement de ce qu’il préfère refuser l’immortalité malgré toutes les souffrances et les humiliations qu’il a traversées. Kubo prouve ainsi sa maturité en renonçant au fantasme de toute-puissance que son grand-père, grand contempteur de la condition humaine, lui propose de satisfaire en lui promettant les clés d’un monde parfait, dénué de haine et de misère. Il a la lucidité de percevoir derrière ce refus des imperfections humaines une incapacité à voir que bonheur et malheur sont les deux éléments indissociables d’une même condition, et que se préserver du second, c’est aussi renoncer au premier.

F.L.