En tant qu’« acheteuse personnelle » d’une starlette particulièrement insupportable, Maureen (Kristen Stewart, magnétique) est chargée de sélectionner pour elle les habits et accessoires de luxe qu’elle portera le temps d’apparitions publiques ponctuelles. Elle déteste ce travail qui lui paraît le comble de la superficialité, mais le conserve le temps d’avancer dans une quête plus spirituelle : tenter d’entrer en contact avec le fantôme de son frère jumeau. Le coup de force du réalisateur, Olivier Assayas, est de parvenir à donner plus de corps à la relation qui unit Maureen au défunt qu’à celles qu’elle entretient avec les vivants. A mesure que l’histoire avance, le film de revenants devient plus ambigu, plus proprement fantastique, laissant davantage ouverte la possibilité d’une double interprétation, jusqu’à la chute finale. On peut voir cette évolution comme la retranscription du processus de deuil de l’héroïne. Dans son déni, elle se cramponne d’abord à l’espoir d’une vie après la mort en surinterprétant ce qu’elle voit et entend dans ce sens. Puis elle devient capable, quand le temps commence à faire son œuvre, d’entendre les arguments plus rationnels que lui communique un ami bien vivant (Anders Danielsen Lie) qui semble avoir traversé jadis la même épreuve… Une belle façon pour Assayas d’explorer l’importance de la vie fantasmatique chez l’être humain.

Florine Lebris et Laurent Schérer