Le Continent oublié est disponible en DVD ou Blu-ray chez Rimini Editions à cette adresse : Lien

Quel bonheur de redécouvrir ces films d’aventures d’un autre âge, peuplés de dinosaures en carton-pâte et de jolies amazones ! Quel plaisir de revoir en Blu-ray ou DVD les longs-métrages des années 70 de Kevin Connor qui adapta les écrits de l’écrivain pulp Edgar Rice Burroughs connu pour avoir créé le personnage de Tarzan et le space opera avec John Carter. 

Le Continent oublié dont nous allons parler aujourd’hui est la suite plus ou moins directe du Sixième Continent que réalisa Kevin Connor en 1975 et qui avait remporté un franc succès dans l’hexagone avec pas loin de deux millions d’entrées. Si Connor avait pensé tout d'abord adapter John Carter après le Sixième Continent, il s’est vite rendu compte que les moyens alloués par le studio anglais Amicus ne lui permettraient pas de donner vie au roman de science-fiction culte de Burroughs. Il choisit alors d’adapter à nouveau les histoires tirées du Cycle de Caspak autour d’une soi-disante île paradisiaque dissimulée dans l’Antarctique où vivent des dinosaures. Si vous appréciez les écrits de l’écrivain américain,  je préfère vous dire de suite que le scénario du Continent oublié (The People That Time Forgot) n’est pas fidèle au roman homonyme à l’exception de la scène où le ptérodactyle attaque l’avion. En charge du scénario, le romancier anglais Patrick Tilley a surtout essayé d’écrire un script en adéquation avec les moyens plus que limités de ses producteurs désargentés.

Le Continent oublié est un régal de divertissement à l’ancienne qui nous offre le meilleur de la littérature populaire du début vingtième même si personnellement j’ai plus d’affection pour d’autres réalisations du même genre de Kevin Connor comme Centre terre, septième continent ou Les Sept Cités d'Atlantis.

Si vous avez une âme d’enfant et que vous n’êtes pas trop regardant sur les effets spéciaux, vous allez prendre beaucoup de plaisir devant les longs-métrages de Kevin Connor autour des mondes perdus qui multiplient les péripéties et font preuve d’un exotisme suranné absolument délicieux. Le réalisateur anglais nous enchante en nous offrant la rencontre entre des monstres et des hommes préhistoriques tout en nous dévoilant l’anatomie de jeunes femmes vêtues de bikini en fourrure. Un cinéma généreux malgré des moyens financiers limités qui étaient sublimés par le savoir-faire de solides techniciens. On pense ainsi au chef opérateur Alan Hume (Runaway Train ) qui nous offre de splendides images pour les films de Connor. On retrouve au département artistique des techniciens émérites comme Simon Wakefield (Casino Royale, Batman Begins ) et l’oscarisé Maurice Carter qui a collaboré à La Grande Attaque Du Train D'Or et au long-métrage Anne des mille jours. Quant à Kevin Connor il nous propose dans ses films une réalisation solide. Pas forcément un génie de la mise en scène, mais c'est un cinéaste carré qui soigne ses cadres tout en privilégiant le travail d’équipe dans un métier ou les batailles d’ego peuvent s’avérer dangereux pour la réussite d’un film. À noter que dans Le Continent oublié , les monstres préhistoriques sont moins réussis que dans les autres métrages de Kevin Connor car ils n’ont pas été conçus par son habituel responsable des effets spéciaux.

Connor est un cinéaste fidèle et l'on retrouve ainsi l’acteur Doug McClure dans Le Continent oublié . Popularisé dans les années 60 grâce à son rôle de Trempas dans la série The Virginian, McClure joua dans la plupart des films d’aventures de Connor qui appréciait son dynamisme et sa capacité à tourner des scènes d’actions. L’acteur se révèle ici très bon surtout si on le compare à Patrick Wayne dans le le rôle principal. Malgré sa belle gueule et les pommettes paternelles, le fils de John Wayne était en réalité un comédien très limité dont seul le nom lui assurait une place en tête d’affiche. Sa présence n’est cependant pas rédhibitoire, car il est entouré ici par deux actrices charismatiques qui l’éclipsent totalement. On retrouve ainsi devant la caméra, Sarah Douglas que l’on verra ensuite dans les rôles de méchantes dans des superproductions comme Superman 2 ou Conan le destructeur. Elle est ici excellente en femme volontaire et apporte une dose de féminisme à ce film un tant soit peu trop viril.  Enfin, comment ne pas évoquer la magnifique Dana Gillespie qui porte l’un des plus impressionnants décolletés du cinéma. Outre une plastique superbe, cette chanteuse de métier s’en sort très bien devant la caméra et apporte beaucoup d’énergie à son rôle de sauvageonne.

L’histoire est simple et nous offre de nombreuses péripéties. Courses-poursuites, dinosaures agressifs, final explosif au sens propre comme figuré, Le Continent oublié est un film généreux qui fut souvent considéré comme l’un des premiers longs-métrages d’heroic fantasy au cinéma. En effet, les séquences avec le peuple du volcan qui se livre à des sacrifices semblent toutes droites sorties des illustrations de Frank Frazetta autour de l’univers de Conan. Une filiation qui est confirmée par la présence de reproductions de certaines peintures du célèbre illustrateur dans les décors.
Enfin, le film représente la fin de l’âge d’or du cinéma populaire anglais. En effet, Le Continent oublié est l’une des dernières réalisations de la firme Amicus. Cette société fut avec la Hammer, l’une des plus grands pourvoyeuses de longs-métrages fantastiques des années 60 et 70. Ces deux firmes employaient  d’excellents réalisateurs et techniciens ainsi que de très grands comédiens tels que Peter Cushing ou Christopher Lee. Mais avec l’avènement des blockbusters américains dotés de budgets pharaonesques, le cinéma des USA a finalement fagocité notre imaginnaire et a entraîné la mort d’un cinéma populaire européen qui ne pouvait rivaliser avec les millions de dollars et les moyens technologiques de l'autre côté de l'Atlantique

En attendant peut-être la sortie d'autres aventures fantastiques de Kevin Connor prévues chez l’excellent éditeur Rimini, je vous laisse découvrir ou redécouvrir Le Continent oublié !

Mad Will