Pendant que leurs parents célèbrent le Jubilée d’Argent de la Reine en 1977, trois ados arpentent les concerts punks des sous-sols de Londres vêtus de leurs uniformes d’école customisés dans les règles de l’art. Croyant s’incruster à une after party du groupe The Dyschords, ils infiltrent la Troisième Colonie, une famille d’aliens en visite sur Terre. Moulés dans d’extraordinaires costumes de latex, ce drôle de peuple dirigé par un certain Waldo se livre à un rituel fait de danses, de cris et d’incantations. Subjugués, Enn (Alex Sharp) et sa bande se mêlent à la fête, enthousiasmés à l’idée d’intégrer cette troupe d’originaux. Parmi eux, Zan (Elle Fanning), 17 ans, voudrait s’émanciper de la Troisième Colonie et profite de la fascination d’Enn pour fuir. Avec lui elle découvre une autre vie, faite de bière, de colliers à clous et surtout de musique punk dont elle devient une icône, propulsée par Boadicea (Nicole Kidman) la prêtresse du genre. Au bout de ses 48 heures d’excursion autorisées par Waldo le gourou, Zan doit choisir : rester libre sur cette planète Terre inconnue ou repartir avec ses semblables ?

Démarrant comme une « simple » romance entre un punk et une alien, le film prend assez vite un autre tournant, celui d’une fable excentrique soulevant des questions existentielles dont celle-ci : la liberté doit-elle passer par la rébellion ?.

Adapté de la nouvelle éponyme de Neil Gaiman, How to talk to girls at parties est un film ovni, où la science-fiction couleur arc-en-ciel vient réveiller la poussiéreuse banlieue londonienne. Après Twixt et The Neon Demon, la jeune Elle Fanning confirme sa faculté à jouer les étranges nymphes. Ses postures et ses expressions semblent ici avoir été répétées comme une lancinante chorégraphie sur le fameux krautrock dont raffole la Troisième Colonie. Sa rencontre avec Boadicea  (une Nicole Kidman attifée façon David Bowie période Labyrinthe) qui la fait monter sur scène pour hurler ses souffrances d’ados sous les yeux ébahis de ses congénères planqués sous des ponchos siglés Union Jack, est sans doute la scène la plus « punk » du film. Elle est l’instant où chaque personnage s’abandonne à ses transgressions favorites : alcool, sexe, danse, musique. Elle est un moment de liberté pure, à l’image de ce quatrième long-métrage de John Cameron Mitchell qui célèbre de façon très inattendue la révolte des contre-cultures.

S.D.