Depuis la mort de sa mère, Ella (Stacey Martin) gère un restaurant parisien avec son père. Un jour, Abel (Tahar Rahim), un jeune homme qui vendrait du sable au Sahara surgit dans son café et la convainc en trois histoires et quatre sourires de l'embaucher comme serveur. Un soir après son service, il l'emmène découvrir un cercle de jeu et goûter au plaisir particulier qu'il procure. Ce ne sera pas le dernier...

   « La plupart ne jouent pas pour l'argent, mais pour l'adrénaline. Plus tu risques, plus la décharge est forte. » Cette réplique que prononce le connaisseur à la néophyte synthétise parfaitement ce qu'explore ce film en suivant les addictions parallèles de ses deux protagonistes : les paris et l'amour. Très loin de la fiction théorique de l'acteur rationnel de la ''théorie des jeux'', Marie Monge explore l'être humain dans ses zones les plus irrationnelles, plus proches de ce qu'a décrit le psychiatre américain Éric Berne. Dans son livre Des jeux et des hommes, le thérapeute analyse la préférence qu'aura toujours l'individu pour une relation à quelque chose ou quelqu'un qui lui procure de la stimulation, même si celle-ci entraîne des conséquences douloureuses sur des relations ou des activités faiblement stimulantes. A travers Abel et Ella, ce sont toutes nos quêtes d'ivresse existentielle, tous les actes insensés que nous font parfois accomplir notre intarissable soif émotionnelle, qui nous sont renvoyés en miroir. Cette réflexion, Marie Monge nous la sert dans un bel écrin visuel, filmant avec inspiration la vie nocturne parisienne côté Grands Boulevards. Le talent des deux interprètes principaux fait le reste : tous deux allient un charisme de ''gagnants'' à une fragilité de perdants, incarnant ainsi parfaitement les hauts et les bas de nos humeurs. Une descente aux Enfers captivante.
F.L.