Léo (Felix Maritaud), sans toit ni loi, passe ses jours et ses nuits dans les rues et dans les bois. Il y rencontre des hommes pour lesquels il se prostitue mais il y tisse aussi des liens avec ses collègues travailleurs du sexe. A la différence de beaucoup d’entre eux, Léo n’a pas pour objectif à moyen terme de quitter le milieu pour vivre une autre vie. Cette vie dans les bois au plus près des corps, c’est en effet celle qui convient le mieux à ce garçon « sauvage ».

   Grâce à la caméra portée de Jacques Girault, on suit Léo dans sa vie quotidienne imprévisible, conditionnée par le seul hasard des rencontres. L’absence de fixité du plan restitue ce qu’il faut de la navigation à vue du personnage, sans tomber dans l’écueil de l’illisibilité de l’image ou de l’économie de mise en scène auxquels aboutissent nombre de dispositifs caméra à l’épaule moins maîtrisés.

   Loin du réquisitoire politique sur les conditions de vie des prostitués gays, Sauvage est un portrait immersif qui tient en haleine d’autant mieux que le personnage échappe à toute norme sociale et qu’il ignore autant que nous de quoi son futur le plus proche sera fait. Camille Vidal-Naquet nous offre donc, avec son premier long-métrage, la tranche de vie d’un corps désirant indompté, rôle en or qui révèle par la même occasion l’intense Félix Maritaud qui vient d’être primé par le Valois de l’acteur au dernier festival du film francophone d’Angoulême.

F.L.