Audrey se fait larguer par Drew, avant d’apprendre qu’il est en réalité un agent de la CIA vivement recherché. Alors que celui-ci s’apprête à rendre son dernier souffle, il confie à son ex une mission de la plus haute importance : se rendre à Vienne pour y rencontrer un certain Verne et lui remettre un mystérieux paquet. Intriguée, Audrey embarque pour l’Autriche avec son alliée de toujours, sa meilleure amie Morgan.

Un peu longuet mais bien écrit et plutôt drôle, L’espion qui m’a larguée dispose d’un atout majeur : Kate McKinnon dans le rôle de Morgan, qui, par amitié et par goût de l’espionnage, suit Audrey dans sa mission. Cette petite blonde tonique, sans le sex-appeal et la notoriété de Mila Kunis, est pourtant la star du film. Elle y joue la classique gourdasse moins stupide qu’elle n’en a l’air avec une aisance admirable. Dans son flot de paroles parfait elle enchaîne les vannes, tandis que sa meilleure amie se contente de s’écrier « Oh my God ! » devant chaque situation compliquée.

Même si le genre n’est pas nouveau (Spy, Les Flingueuses) on sent depuis le scandale Weinstein la volonté de remettre les héroïnes féminines au goût du jour dans les grosses productions hollywoodiennes (Ocean’s 8 en dernier exemple).

Ici les hommes sont soit des traîtres soit des idiots. Le seul bienveillant d’entre eux a le bras dans le plâtre et ne peut être d’une grande aide aux deux novices. Face aux dangers les espionnes en herbe ne transforment pas leur féminité en arme, mais comme les hommes dans les films d’espionnage classiques, elles font usage de leurs méninges et aptitudes physiques. Leurs tromperies ne passent pas par la coucherie et, mise à part leur maquillage qui reste intact tout le long du film, leurs vêtements sont crasseux, leurs cheveux en vrac, bref elles cassent l’image de la James Bond Girl impeccable en toute circonstance.

Mélangeant humour et « vraie » action, L’Espion qui m’a larguée est une réponse très réussie à l’Agent 007 (l’Espion qui m’aimait !) et s’aligne brillamment dans la lignée des comédies américaines de Paul Feig.

S.D.