Chômeur et dépressif, Bertrand (Mathieu Amalric) rejoint une équipe de natation synchronisée masculine pensant y trouver le remède à ses maux. Il faut dire que la bande est plutôt accueillante. Coachés par la douce et encourageante Delphine (Virginie Efira), Thierry, Marcus, Laurent, Basile, Simon et Avanish, tous bedonnant et paumés, font de leurs séances d'entraînement un moment de fête : après la piscine c’est confessions dans le vestiaire et pintes au bistrot. Problème d’argent, mésentente avec les femmes, incompréhension des enfants… les nageurs se trouvent de nombreux points communs, et, pour retrouver le peu d’amour propre qui leur reste, ils décident de s’inscrire au championnat mondial de natation synchronisée. Ces “gros lards” (comme ils sont souvent qualifiés) champions du monde ? Cette annonce est autour d’eux plus source de moquerie que d’admiration…

Contrairement à ceux des Infidèles, la dernière comédie à laquelle Gilles Lellouche prenait part, les hommes du Grand Bain ont perdu toute assurance et ont grand besoin des femmes pour leur rendre. Qu’elle soit ultra autoritaire comme l’entraineuse Amanda (Leïla Bekhti), méprisante comme Lola (Noée Abita), l’adolescente honteuse de son père (Jean-Hugues Anglade), ou aimante comme Claire, la femme de Bertrand (Marina Foïs), ce sont elles qui maintiennent les quincas la tête hors de l’eau. Lellouche propose ainsi une comédie dans l’air du temps, où la frime et l’excès de virilité n’ont plus leur place. Le résultat est un succès populaire fulgurant (un million d’entrée au premier week-end d’exploitation) assez compréhensible : des athlètes stars (Benoît Poelvoorde, Guillaume Canet, Philippe Katerine en plus de ceux déjà cités), des bonnes blagues et un message positif, le tout sans beauferie ni vulgarité.

Bien que le film nage majoritairement dans le comique, il s’aventure parfois dans un tragique bien maîtrisé. On pense surtout au grand solitaire Thierry, le beau personnage de Philippe Katerine, qui rit aux éclats en écoutant la conversation d’une bande d’amis dont on s’aperçoit ensuite qu’il n’en fait pas partie, ou à Jean-Hugues Anglade, déçu que son rock’n’roll n’intéresse personne.

Gilles Lellouche n’évite pas certaines longueurs ni quelques gags déjà vus (exemple : tous les nageurs font semblant de comprendre Avanish qui ne parle que tamoul), mais prouve qu’en grattant un peu, sa comédie ultra bankable révèle finalement les traces d’un vrai cinéma.

Suzanne Dureau