John McNaughton est un réalisateur trop sous-estimé qui a pourtant réalisé trois pièces maîtresses : Henry, portrait d'un serial killer, Mad dog and glory  avec Bill Murray et De Niro et enfin le ludique et plutôt malin Sexcrimes. Pour ses débuts au cinéma, il doit livrer un film d’exploitation avec son quota de scènes de sexe et de violence pour un budget de 100 000 dollars. Mais le réalisateur va détourner la commande comme il le fera plus tard avec Sexcrimes en réalisant un portrait glaçant en mode Nouvelle Vague d’un tueur en série.  Pas de fun ni de suspens pour découvrir le tueur, John McNaughton abolit les distances entre le spectateur et le criminel comme dans ces scènes de meurtre filmées à la manière d’un film de vacances, que regardent ensuite Henry et son second. Interprété par un Michael Rooker en état de grâce, on ne saura jamais vraiment qui est Henry. Sans doute affabulateur quand il raconte son enfance, le film n'en fait jamais un personnage de cinéma souffrant d’un trauma et qui serait la représentation d’une société malade. Henry est seulement un monstre vivant dans la crasse et qui descend des bières quand il ne part pas en virée assassiner des innocents. Servi par une esthétique crue proche du documentaire, le film est une oeuvre difficile d’accès qui devra attendre 3 ans pour être exploitée. Pas de rédemption, d’indications ou d’arguments moraux pour expliquer la folie du personnage, le film reste l'un des plus passionnants portraits sur un tueur en série.

Mad Will