Au Pakistan, où les armes sont largement répandues, nombre de victimes de litiges fonciers, devant le temps d'attente phénoménal dans les tribunaux, se font justice eux-mêmes. Tiré d’une histoire vraie, My pure land raconte la résistance qu’une jeune femme au caractère bien trempé, Nazo Dharejo, opposa aux assaillants qui tentèrent de récupérer par la force ses terres. Non sans rappeler l’étonnant documentaire sur les combattantes du PKK Femmes contre Daech, dans lequel on entendait les démystifiants témoignages de soldats confiant que les femmes se révélaient sur le front généralement plus courageuses et solidaires que leurs camarades masculins, My pure land est le portrait d’une femme ayant reçu une éducation assez ouverte pour oser étendre son domaine d’action bien au-delà de ce qu’impose la tradition sexiste. Personnalité extraordinaire qui a prolongé son combat personnel en s’engageant en politique pour encourager l’émancipation des femmes de sa région et lutter contre la corruption, Nazo Dharejo nécessitait une interprète charismatique. C’est le cas avec la jeune danseuse Suhaee Abro, dont la beauté et l’aplomb crèvent l’écran.

   Sur la forme, Sarmad Masud entrecoupe habilement les séquences réalistes d’envolées fantasmagoriques, magnifiques moments suspendus où le passé, le présent et le futur se mélangent, offrant une dimension fabuleuse à une histoire de vie. Faisant exploser la linéarité chronologique, il multiplie les allers-retours temporels, tenant ainsi son spectateur en haleine. Parfois inégal dans la captation du son et de l’image en intérieur, le réalisateur britanno-pakistanais nous régale en revanche de magnifiques scènes en extérieur, y compris crépusculaires et nocturnes, parachevant ainsi en beauté son émouvant portrait d’un modèle de femme émancipée.

F.L.