Film culte porté par une bande originale de folie où l'on retrouve entre autres Meat Loaf comme artiste, The Rocky Horror Picture Show est le vestige de l’esprit libertaire des sixties et seventies. Ce long-métrage met en scène l’histoire d'un couple un peu coincé qui tombe entre les mains d'un baron Frankestein en mode travesti. Ce rôle est tenu par un Tim Curry charismatique qui fait beaucoup penser au Freddy Mercury des années 70 lorsqu’il se déhanchait sur scène dans des tenues androgynes. L’acteur trouvera ici son plus beau rôle avec celui du croquemitaine de la version télé de Ça de Stephen King. The Rocky Horror Picture Show est avant tout l’oeuvre de Richard O’Brien qui joue le serviteur bossu dans le film et qui aurait été selon la légende fermier en Nouvelle-Zélande avant de changer de métier et de partir à Londres pour faire l’acteur. Installé dans la capitale anglaise, il écrit la comédie musicaleThe Rocky Horror Picture Show qui va faire parler rapidement d'elle en dehors des théâtres de la perfide Albion, faisant un carton au célèbre Roxy de Los Angeles qui a vu sur sa scène défiler des Franck Zappa et autres. Lou Adler, producteur américain de musique qui a travaillé avec Johnny Rivers, The Mamas and the Papas et Carole King, décide de lancer la production d’un film avec la plupart des membres de la troupe originale auquel se rajoute deux nouveaux acteurs dans le rôle de Bride et Janet. Un réalisateur quasi inconnu, Jim Sharman est choisi et tournera le film au château Victoria en Angleterre, connu pour avoir hébergé en son temps le général de Gaulle !

Les débuts en salles sont catastrophiques avec une majorité de spectateurs outrés qui quittent les lieux après le premier tiers, se plaignant du discours libertaire et osé. Les exploitants sont donc bien décidés à retirer le long-métrage des salles quand ils se rendent compte qu’une petite part du public revient de semaine en semaine revoir le film. Ces projections sont en effet l’occasion pour le public de se déhancher et de chanter à l’unisson avec les protagonistes de The Rocky Horror Picture Show. Alerté, le producteur, Lou Adler décide avec certains exploitants de diffuser The Rocky Horror Picture Show dans des séances de minuit à New York. Le phénomène "Midnight Movies" est né avec l’organisation de séances de films nocturnes qui ont permis dans les années 70 de créer une audience pour des oeuvres telles qu’ El topo de Jodorowsky ou Eraserhead de David Lynch.

Pourquoi ce film est toujours aussi culte 40 après sa sortie ? La réponse est simple : c'est une excellente comédie musicale qui compte des chansons cultes que l'on ne peut s’empêcher de fredonner telles que Time Warpe ou Sweet Transvestite. C’est également l'un des premiers longs-métrages qui milite pour une sexualité plus libre et moins normative que l’hétérosexualité. Enfin, The Rocky Horror Picture Show prend la défense d’une certaine culture populaire rejetée par l’intelligentsia. Le film est ainsi bardé de références au cinéma bis des années 50 et 60.

Kitch, provocateur et jouissif, ce long-métrage est à voir et à revoir sans modération. Une oeuvre à recommander à votre tata réactionnaire et facho de « La manif pour tous » afin de la dérider un peu. Une suite de The Rocky Horror Picture Show a été réalisée et s’appelle Shock Treatment. Elle met ainsi en scène l’actice principale de Suspira dans le rôle de Janet, précédemment tenu par Susan Sarandon. Le film est beaucoup plus acerbe et ne possède pas de chansons vraiment marquantes. Néanmoins cette charge violente contre la télévision est à découvrir.

Mad Will