On peut être admirateur des gros muscles de Vin Diesel, aimer les séquences de poursuites en voiture à la Lucy, et prendre plaisir à savourer la finesse du braquage bien mené d'ocean’s eleven. C’est pourquoi, le synopsis de Criminal Squad insistant sur une surenchère à tous les étages, c’est avec appétit que l’on pourrait se diriger vers la salle la plus proche qui projette la réalisation de Christian Gudegast distribuée par la Metroplitan, et qui nous promet 2 h 20 de feu d’artifice au milieu d’acteurs testostéronés.

Mais quelle déception ! Seul le bruit incessant des fusillades d’armes allant du pistolet à la mitrailleuse m’a empêché de m’endormir. Et cela pour quel résultat ? Etonnant de voir que des gens adroits au tir (on les voit faire mouche à tout coup à l’entrainement) gaspillent autant de munitions. Sans parler qu’on ne voit aucune balle perdue sur les dizaines, centaines, milliers ? blesser un passant. Les esprits mesquins diront que les américains sont habitués du fait et que les « dommages collatéraux » sont toujours minimisés.

Reprenons, le film raconte un braquage par des méchants gangsters (ils tuent 4 policiers lors de la séquence d’introduction), doués pourtant d’une certaine éthique (hum), et qui veulent réaliser le braquage du siècle, du millénaire, le plus grand, le plus culoté de tous les temps. (Vous avez compris). C’est dans cette bande qu’évolue le personnage peut-être le plus sympathique du film, celui que l’on considère comme le chef des truands et qui est le plus honnête dans sa partie, Pablo Schreiber, de loin le meilleur interprète de ce film. En effet, c’est un ancien marines reconverti dans le grand banditisme, qui fait son métier de braqueur avec constance et efficacité et qui râle contre ses subordonnés qui tirent trop vite.

Face à eux, une bande de voyous (euh, non, de policiers) qui veulent être les bad boys. Le problème c’est qu’ils sont non seulement méchants mais bêtes. De ce fait ils sont amenés à faire des choses complètement invraisemblables et pas là où on les attend : mener de belles poursuites en voiture, la seule étant une poursuite dans un bouchon, ou de belles cascades, inexistantes dans ce film. Alors pour ne pas me faire tout de suite hara-kiri je relève la scène qui sauve le film : le braquage du camion poubelle. (En écrivant cela je me dis qu’il y a peut-être une métaphore subtile et que le réalisateur fait dans l’auto dérision. "J’ai fait un film de merde, le mieux dans le film ce sont les poubelles", mais je m’égare). En effet la tête du conducteur de la benne quand il voit son camion poubelle s’éloigner vaut son pesant de cacahuètes.

Le flic en chef (Gérard Butler) est un personnage dégoulinant de suffisance et la scène où sa femme le quitte (je ne vous divulgache rien c’est juste après la première séquence avec la fusillade et 4 flics morts) nous fait comprendre qu’il aura les coudées encore plus franches pour faire son tir aux pigeons tranquille, car je refuse de croire que l’on demande au spectateur de s’apitoyer sur son sort, du style « le pauvre homme ! sa femme le quitte parce qu’il fait des heures sup par conscience professionnelle », d’une part parce qu’il n’a pas l’air d’avoir de conscience professionnelle, et surtout parce que par définition on ne s’apitoie pas sur un gros dur.

Par souci de parallélisme - tout le film suit lourdement le procédé, une séquence ou un plan dans chaque camp en alternance - et pour faire pendant à la scène familiale du flic, on découvre une scène surréaliste dans la famille d’un des truands qui n’est visiblement là que parce que le scénariste et/ou réalisateur avait envie de mettre à l’écran une blague pas drôle.

Je n’ai même pas parlé des clins d’œil lourdement appuyés aux productions du même genre (Heat pour  donner un exemple) car les connaisseurs les reconnaîtront aisément s’ils ont le courage de voir le film.

Au final une réalisation utilisant des traits tellement épais qu’ils en arrivent à masquer le film….

L.S.