House est emblématique des années 80 pour le cinéphile qui a vécu l’avènement du cinéma fantastique en VHS. Cette série B est une « Madeleine de Proust » qui rappelle aux fans de films de genre, ses longues heures passées dans les rayons des vidéoclubs à choisir un film le plus souvent grâce à une jaquette allumeuse ou un résumé nous annonçant des guerres intergalactiques à n’en plus finir.

Il faut bien se l’avouer, une fois que la cassette était insérée, on se rendait compte très vite que le film était le plus souvent éloigné de nos attentes. Mais il n’était pas évident de sélectionner un film sur les étals d’un vidéo club à une époque où Internet n’existait pas et alors que seul Starfix faisait des revues des sorties VHS à l’aube des années 80.

Parmi les innombrables titres que l’on consommait alors, quelques petites perles nous restent en mémoire dont ce sympathique House, marquant à jamais notre inconscient cinéphilique. Ce long-métrage est signé par des artisans de la série américaine tels que Steve Miner à la réalisation, connu pour avoir signé Warlock, Sean S. Cunningham le papa de Vendredi 13 à la production ou enfin Fred Dekker au scénario connu pour le film The Monster Squad qui influencera Stranger Things. Le film est produit sous le pavillon de New World Pictures, la boite créée par Roger Corman.

Mais que raconte House :

Un écrivain divorcé, encore sous le choc de la disparition mystérieuse de son fils, vient habiter dans la maison de sa tante décédée il y a peu. Il décide de se remettre au travail et de commencer un nouveau roman, profitant de la quiétude des lieux. Peu à peu, des évènements étranges vont se manifester et doucement le faire basculer vers un côté obscur qu'il ne soupçonnait même pas.

Malgré un pitch qui évoque les films de maison hantée, House n’est nullement un film censé vous terroriser. En effet, le métrage de Steve Miner allie le surnaturel à des effets comiques, où les interventions des monstres de la maison sont source de quiproquos. À ce titre, le film fait beaucoup penser à Braindead avec ce héros malmené par les différentes entités qui rôdent dans la vieille maison.  Dans House, on se souvient de ce trophée de pêche ultra agressif ou de l’immonde créature en latex qui poursuit le héros et finit enterrée dans le jardin. Enfin comment ne pas évoquer cette gargouille ailée très «Harryhausenienne» que le héros affronte après avoir brisé la glace.

Dans ce film de boulevard fantastique, Miner gère ses effets comiques sans négliger le passif du héros, un ancien du Vietnam, grâce à une galerie de personnages sympathiques comme le voisin qui ne sont jamais caricaturés et moqués.

Entre deux scènes d’actions avec ses monstres en latex, House montre comment un personnage doit affronter son propre passé pour construire son avenir. La création artistique est vue ici comme un moyen d’exorciser ses démons.

House est donc un film fichtrement sympathique avec son bestiaire de monstres réalisé grâce à des maquillages en latex et autres effets optiques d’un autre temps. Servi par un casting motivé, réalisé par une équipe d’artisans, le film se laisse encore voir avec beaucoup de plaisir.

Moins dramatique que l’Échelle de Jacob ou Le Mort-Vivant, House montre que dans la série B de masse produite dans les années 80, la guerre du Vietnam restait les mémoires des artistes et du peuple américain.

Mad Will