Christophe Gans est un réalisateur ambitieux que la critique française n’a jamais vraiment porté dans son coeur, le considérant au mieux comme un Besson de seconde zone. Une appréciation assez négative par rapport au travail de l’ancien rédacteur en chef de Starfix, qui aura proposé une alternative française plutôt pertinente aux superproductions américaines avec Le Pacte des loups, sorte d'Angélique marquise des anges mâtinées de Kung Fu. Gans fut également l’un des premiers réalisateurs à s’emparer de l’imagerie des mangas dans les années 90 avec Crying Freeman.

Son Silent Hill est sans doute la meilleure adaptation de jeux vidéo au cinéma. Gans arrive en effet à traduire de manière cinématographique l’immersion liée au jeu en restituant les sensations du best-seller ludique de Konami. Afin de rendre le caractère contemplatif du jeu, Gans choisit de faire un long-métrage de plus 2 heures à une époque où les films d’horreur ne dépassent pas une heure trente. Quant aux décors, il fait reproduire à l’identique les environnements aperçus dans le jeu. Enfin, le scénario de Roger Avary adopte la mécanique des hits vidéoludiques de Konami, avec une héroïne devant trouver des objets pour pouvoir avancer dans l’histoire.

On pourra cependant reprocher au film l’usage d’un montage alterné. En effet, on suit notre héroïne dans la ville maudite de Silent Hill mais aussi de temps en temps, son mari qui la recherche partout. Si cette idée assimile le film à l’Orphée de Cocteau, elle limite l’immersion dans l’univers torturé de la bourgade de Silent Hill et s’avère bien trop explicative. Silent Hill est tout de même le meilleur film de son auteur qui arrive à allier ici émotion et formalisme par l’intermédiaire d’un décor qui devient le catalyseur du désordre émotionnel de ses protagonistes.

Que demander de plus ? Une suite avec Gans aux manettes comme l’annoncent certains journaux ? Je serais le premier à aller la voir en salles si c’est le cas !


Mad Will