Khaled (Sherwan Haji), jeune syrien, débarque clandestinement à Helsinki après avoir fui une ratonade en Pologne. Espérant que la Finlande sera solidaire d’un réfugié politique en souvenir des atrocités de la guerre qu’elle a jadis connues, il se présente à l’hôtel de ville pour demander l’asile. L’administration considérant que la situation à Alep n’est pas suffisamment dangereuse, elle le lui refuse. Employé au noir dans un restaurant, il découvre alors l’envers de la richesse scandinave…

Le temps ne semble pas avoir de prise sur Aki Kaurismäki. A l’heure de la 3D numérique, le réalisateur finlandais reste fidèle à son style dépouillé de la moindre emphase. N’hésitant jamais à faire un plan fixe d’une demi-minute sur des personnages qui ne se parlent pas, il refuse catégoriquement la pathétisation par excès d’effets de montage. Ainsi, c’est avec la même neutralité qu’il filme des gags burlesques, les chansons humanistes de musiciens de cabaret, le racisme ordinaire de l’administration et le fascisme de quelques beaufs encagoulés.

Au-delà de ses petites pépites d’humour pince-sans-rire qui sont la marque de fabrique de son auteur, L’autre côté de l’espoir tire son originalité de la nature de son personnage principal. Alors que nous avons l’habitude de voir les réfugiés dans des documentaires ou des reportages, Aki Kaurismäki nous fait suivre ici les mésaventures d’un Syrien protagoniste de fiction, c’est-à-dire acteur et non pas victime de son destin, ce qui loin d’être un détail est, à l’instar du travelling de Kapo, « une affaire de morale ».

F.L.