Loïc (Aurélien Recoing), Louison (Corinne Masiero) et leur fille Julie (Olivia Ross, un charme gracile à la Ariane Labed) ont toujours vécu à Hoëdic. Dernière famille de marins en activité, ils ne s’imaginent pas quitter ce petit bout de terre cerné par la mer qui est toute leur vie. Obligés de vendre à perte en basse saison et de vivre alors au crédit des banques pour continuer à pratiquer la pêche traditionnelle, ils sont rattrapés par le surendettement. Quand les huissiers les obligent à envoyer leur bateau à la casse pour éponger leurs dettes, les condamnant à la reconversion professionnelle, tous les trois sont ébranlés. Si Loïc se raccroche à la Dive bouteille et Louison a la sainte Rita, Julie a la chance de pouvoir expulser et transcender ses passions tristes dans le saxophone qu’elle a hérité de son grand-père. Cet instrument devient pour elle la bouée grâce à laquelle elle lutte pour ne pas se laisser submerger, comme ses parents, par la tempête émotionnelle qui les frappe tous.

Véritable coup de cœur de ce printemps cinématographique, Souffler plus fort que la mer enchante aussi bien les yeux, les oreilles que les sentiments. Chronique de la mort annoncée des îles vivant de la pêche traditionnelle, le film de Marine Place restitue très bien leur atmosphère de paradis perdu en captant par ses prises de vue délicatement composées la beauté insulaire d’Hoëdic. Symboles de la résistance de l’énergie vitale à l’agonie à laquelle le libéralisme triomphant condamne des modes de vie ancestraux, les mélodies vibrantes d’Emile Parisien, talentueux et prolifique jazzman, mettent au diapason images et sons. Ultime ingrédient essentiel à l’hommage poignant que rend Marine Place aux derniers marins, l’interprétation des acteurs ne déparie pas avec la justesse de l’ensemble. Leur sobriété permet à Souffler plus fort que la mer d’atteindre des sommets d’émotion sans jamais sombrer dans la mièvrerie.

F.L.

Retrouvez l'interview de la réalisatrice Marine Place à cette adresse : https://soundcloud.com/user-8634597...