Luna, de la réalisatrice Elsa Diringer, est un film (pas toujours) tendre, par des tendres (au casting Frédéric « Pierrot », ça ne s’invente pas…) et pour les tendres, quelque part entre Un amour de jeunesse, dont il partage la mélancolie et le bucolisme, et Rosetta, pour son naturalisme et son ancrage populaire. Il narre en effet le parcours vers la lumière d’une adolescente dans un premier temps asservie à la loi du groupe et au service de son petit ami macho. Le film, porté par ses deux interprètes principaux, Laëtitia Clément (Anna Karina des champs) et Rod Paradot (César du meilleur espoir masculin pour son rôle de teigneux dans La tête haute, ici tout aussi juste dans la délicatesse), aborde des sujets difficiles mais importants : outre les phénomènes de violence collective, Luna pointe du doigt le manque d’éducation sexuelle des filles, qui avant de découvrir le meilleur, se mettent en danger en connaissant ou en commettant le pire. Tout l’intérêt de Luna réside d’ailleurs dans l’ambiguïté des personnages, tour à tour bourreaux et victimes de la volonté de domination. Espérons que ce film contribuera à faire réfléchir pour condamner, au-delà des individus, la barbarie de comportements qui proviennent surtout de la peur et de l’ignorance, elles-mêmes alimentées par la déplorable absence d'éducation concrète à l'anti-sexisme dans les collèges et lycées. Ainsi, même le personnage le plus déplaisant du film, ouvertement sadique, se rassure en renvoyant son inquiétude et sa faiblesse sur l’élément féminin, réflexe conditionné qu'il aurait pu savoir suspendre si des outils pédagogiques appropriés lui avaient ouvert les yeux.

Florine Lebris