À l’instar de ses compatriotes mexicains tels que Guillermo del Toro ou Alejandro González Iñárritu, Alfonso Cuarón navigue avec aisance entre Hollywood et le cinéma d'art et d'essai afin de nous offrir des oeuvres fortes telles que Les Fils de l'homme ou Roma. Le garçon aura même réussi l’exploit d’apposer son style personnel à une franchise (Harry Potter) où les contraintes de production sont énormes. À l’origine, del Toro avait été envisagé par la production pour tourner le film. Occupé sur d’autres projets, il a suggéré le nom de Cuarón à Rowling qui finit par valider ce choix après avoir découvert son sulfureux Y tu mamá también.

Quand on découvre Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban, il est clair que Cuarón a tenu à s’éloigner de l’approche de Chris Columbus sur les deux premiers volets. Nous passons ainsi d’une mise en scène classique et décorative à une réalisation s’articulant autour de plans séquence dantesques, où Cuarón fait preuve d’une grande inventivité. La réalisation du réalisateur mexicain sur Harry Potter est vraiment une synthèse parfaite entre le cinéma forain par le biais de fermetures à l’iris et le cinéma contemporain où la caméra s’affranchit des limites spatio-temporelles grâce à l’image de synthèse.

Le réalisateur a refusé de suivre docilement la trame du livre de Rowling. Il supprime ainsi certains passages du livre et vire les costumes de magicien des élèves de Poudlard. Il fait également le choix de faire voler les Détraqueurs et invente de nouvelles péripéties. Ces modifications entraîneront la colère de certains fans de Potter à la sortie du film alors que Cuarón a signé le meilleur opus de la saga.  Le cinéaste mexicain transforme ici une commande à 150 millions de dollars en un drame bouleversant sur la préadolescence. Tout simplement l’un des meilleurs blockbusters de ces 30 dernières années !

Mad Will