Hevn qui signifie « vengeance » dans la langue norvégienne est un film qui témoigne de la vitalité du polar nordique. Cette première réalisation tournée en 2015 est l’œuvre de Kjersti Steinsbø qui adapte ici un un roman noir de Ingvar Ambjørnsen, The Doll in the Ceiling.

Plutôt que de nous donner à voir un récit de vengeance sanglant, la cinéaste privilégie la psychologie en nous faisant suivre les pas de Rebekka, une femme froide et inquiétante qui décide de détruire socialement celui qu’elle considère coupable en révélant au grand jour ses turpitudes. Même si l’on peut regretter du point de vue scénaristique une rencontre un peu forcée entre la justicière et le présumé coupable dans l’ouverture, la suite du film finit tout de même par nous emporter grâce à une intrigue riche en rebondissements dans le cadre magnifique des fjords et de la montagne norvégienne.

Dès les premiers instants, on comprend que Rebekka n’usera pas de la violence physique par le biais du montage qui nous la dévoile en train de remettre fébrilement un couteau dans son sac. Cette approche originale du récit de vengeance joue beaucoup sur les attentes du spectateur qui veut savoir quelle forme va prendre le châtiment et connaitre les raisons qui ont pu pousser cette femme à vouloir tuer un homme.

Kjersti Steinsbø dresse ici le portait d’une femme solitaire et déterminée mais amateur en matière de vengeance. En effet, elle sera souvent amenée à improviser, ayant dû modifier son plan de départ. Sensible aux conséquences de son projet, qu’elle n’avait visiblement pas anticipées, elle navigue parfois à vue, ce qui renforce chez le spectateur le stress et l’insécurité quand surgissent devant elle de nouveaux obstacles.

Magnifiquement joué par Siren Jorgensen, Rebekka est avant tout un anti-héros troublant à la personnalité complexe qui échappe aux clichés du genre.

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Laurent Schérer et Mad Will