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Avant d’être un film réalisé par l’ancien marionnettiste Frank Oz qui fut longtemps le partenaire de Jim Henson, La Petite Boutique des horreurs était une petite série B horrifique des années 60 tournée par Roger Corman en moins de deux jours, qui mettait en scène dans un rôle secondaire le tout jeune Jack Nicholson. Au cours des années 80, Geffen, le célèbre producteur à l’origine de comédie musicale The Cats, décide de porter cette histoire sur les planches de Broadway. Il choisit alors Alan Menken pour la musique et Howard Ashman en tant que parolier. Suite au succès sur les planches de La Petite Boutique des horreurs, ce duo sera engagé par un Disney en pleine reconquête et obtiendra 8 oscars pour ses chansons sur des films comme La petite sirène ou Aladdin.

La Petite Boutique des horreurs de Frank Oz raconte comment un végétal d’origine extraterrestre qui ressemble à une grosse plante carnivore boursouflée va manipuler un jeune candide pour récupérer des cadavres dont elle se repait avec délice.

La Petite Boutique des horreurs est une comédie musicale pour toute la famille malgré certains aspects horrifiques de son récit comme ces humains dévorés par une plante carnivore ou son personnage de dentiste sadique. En effet, le film ne montre jamais de sang et ressemble surtout à un cartoon à la Tom et Jerry entrecoupé de séquences chantées.

Avec comme vedette une plante carnivore en animatronique ayant nécessité pas loin de 60 techniciens, on comprend aisément le choix de Frank Oz comme metteur en scène. En effet, cet ancien marionnettiste émérite qui avait donné vie à Yoda et coréalisé Dark Crystal, arrive à insuffler comme personne de la vie à ses marionnettes. Malgré ses tiges en latex ou ses dents en caoutchouc, la plante semble autrement vivante que nos images de synthèse actuelles quand elle chante ou se met en mouvement. Son design ne cherche jamais le réalisme et correspond parfaitement au genre de la comédie musicale où l’artificialité est roi. Le film est un vrai régal d’un point esthétique avec ses fonds peints. En privilégiant des décors stylisés, nous avons ici vraiment un hommage aux canons du genre où la plupart des scènes étaient filmées en studio.

Cet aspect théâtral du film est renforcé par la présence d’un choeur comme dans la tragédie grecque qui vient plusieurs fois commenter ou narrer les évènements du film. Un choeur soul à la Motown au service d’un BO qui alterne le funk, la soul et le rock à la Chuck Berry.  La Petite Boutique des horreurs propose à l’écran un concentré de culture populaire des années 50 et 60 qui s’avère très divertissant à l’image de la fin alternative du director’s cut où les plantes carnivores agissent comme dans les films de monstres géants des drive in.

Le film est porté par un excellent casting aussi bien dans les rôles principaux que secondaires. Au premier plan, Rick Moranis excelle en personnage attendrissant et timide. À ses côtés, nous avons le droit à un défilé de seconds rôles prestigieux venant de la comédie américaine. Nous avons ainsi un Steve Martin absolument génial en dentiste sadique. Le film doit être vu rien que pour ses scènes dans son cabinet dentaire avec un Bill Murray parfait en patient masochiste. Enfin, La Petite Boutique des horreurs nous permet de revoir John Candy apparu dans Splash et Blues brothers ainsi que dans Un ticket pour deux ou Rasta Rockett.

Avec La Petite Boutique des horreurs , Oz signe l’un de ses meilleurs films. Il démontre ici un vrai savoir-faire de réalisateur à travers un dosage assez subtil entre scènes comiques et séquences chantées qu’il chorégraphie parfaitement.  Le film est à découvrir dans son director's cut  qui propose une fin alternative extrêmement touchante. Si vous aimez un tant soit peu les films où ca chante et si vous êtes amateur de comédies, ce film est à voir en VOD sur le site de la Cinetek.

Mad Will