C’est par la lecture de l’album Calamity Jane des aventures de Lucky Luke par Morris et Goscinny publié en 1967 que j’ai découvert le personnage de Calamity Jane. Les équipées de cette aventurière de l’Ouest y sont contées avec beaucoup d’humour et Goscinny campe un personnage qui n’est pas plus éloigné du personnage réel que les biographies publiées à l’époque, y compris l’autobiographie « officielle » distribuée lors de spectacles auxquels se prêtait notre héroïne et que beaucoup considèrent comme hautement fantaisiste.

Il est donc plus qu’ardu de déceler le vrai du faux dans tout ce qui a été écrit sur ce personnage haut en couleur, et Rémi Chayé, le réalisateur de Calamity une enfance de Martha Jane Cannary, accompagné des co-scénaristes Sandra Tosello et Fabrice de Costil n’a pas non plus recherché à tout prix une quelconque vérité historique, même s’il reprend plusieurs épisodes des mémoires de Calamity. Il s’est ici plutôt concentré à rendre une ambiance, celle qui régnait chez des immigrés partis en caravane en quête de terres à l’ouest des Etats-Unis. Ceux-ci, tout en maintenant la cohésion au sein du groupe, affrontaient régulièrement  les dangers liés aux grands espaces.

Calamity est une jeune orpheline de 11 ans, aînée d’une fratrie nombreuse, mutine et à la langue bien pendue, que les auteurs ont su rendre attachante. Sous les traits des dessinateurs, cette pré-adolescente n’a pas froid aux yeux. Elle n’hésite pas à braver tous les interdits et à partir seule et loin de la caravane. C’est surtout une figure féministe qui revendique sa liberté et qui refuse de se laisser emprisonner dans le rôle que voudraient lui assigner les pionniers.

Le choix graphique de personnages sans contour permet aux protagonistes de mieux se fondre dans les décors lumineux aux couleurs vives, mis en œuvre par le directeur de la couleur Patrice Suau, qui feront le régal des yeux du jeune public auquel le film est clairement adressé. En effet les sorties de la jeune Jane Cannary sont finalement assez sages face à des méchants pas si dangereux qui finiront par s’amender afin de finir l’histoire en happy end, faisant de l’ensemble un fort beau récit d’apprentissage.

Enfin, il faut souligner les musiques de la compositrice Florencia di Concilio qui a élaboré une magnifique bande originale.

Un film agréable à regarder en famille, parfaite sortie en ces temps de vacances scolaires.

Laurent Schérer