Quand son fiancé meurt, Amel (Hafsia Herzi) est recueillie par sa belle-famille et financée par son beau-père qui veut soutenir son travail de photographe. En effet, avant-gardiste, Amel capture le corps des hommes d'une façon érotisée qu'on n'utilise d'habitude qu'avec les femmes, belle occasion pour le vieil homme de réveiller son pays endormi, confit de conformisme.

   Toute la saveur de L'amour des hommes réside dans les nombreuses scènes de shooting qui inversent les stéréotypes de l'homme photographe et de la femme photographiée. Il est jubilatoire de voir des éphèbes doux comme des agneaux ou machistes prendre devant l'objectif des attitudes de proie devant un fusil. Le réalisateur tunisien remet ainsi les pendules à l'heure en montrant que les femmes n'ont pas l'apanage de la coquetterie et de la pudeur. L'amour des hommes est d'abord servi par la subtile malice du regard de Hafsia Herzi, sublimé par la caméra de Mehdi Ben Attia. Il l'est ensuite par la musique de Karol Beffa qui fait grimper l'ambiguïté des scènes cruciales de shooting. Un film plaisant et culotté.

F.L.