On a beau vouloir vivre le plus longtemps possible, la vieillesse est un âge que l'on craint. Souvent associé à la dépendance ou à la maladie, l'âge canonique est rarement montré comme plein de joie et de bonne santé. En totale opposition avec cette image, le documentariste allemand Uli Gaulke a posé sa caméra sur une joyeuse bande de grands-pères chinois à la bonne humeur communicative. Unis par l'amour du Jazz, ils ne se quittent plus depuis les années 80, pour jouer et rendre les gens heureux.

Le documentaire commence alors qu'ils sont invités à se rendre en Europe à un festival de Jazz, ce qui n'est pas une mince ambition quand la moyenne d'âge a passé quatre-vingt ans. L'invitation sonne comme un branle-bas de combat, il leur faut rapidement répéter pour choisir les chansons à interpréter mais aussi recruter une chanteuse qui saura charmer les "longs nez" occidentaux ! Mais attention, il ne faudrait pas non plus que la présence d'une femme ne vienne créer de rivalité entre eux, il faut la choisir avec soin.

Uli Gaulke profite de l'évènement pour dresser le portrait de chacun des membres. Dans l'intimité, les grands-pères livrent leurs souvenirs à la caméra. Comment ils ont connu le jazz, comment ce fut dur de vivre lorsqu'il fut interdit par l'état communiste. À travers leurs révélations se dresse l'histoire récente de la Chine et de son évolution. "Aujourd'hui on vit bien mieux" dit l'un louant le confort de la vie moderne, "mais aujourd'hui il y a des différences entre les riches et les pauvres. Avant nous étions tous pauvres, nous étions heureux avec rien". Un air de nostalgie lucide flotte sur le film. Pourtant, il n'est pas question de regarder le passé, le secret de la longévité est de regarder l'avenir !

As Time Goes By in Shanghai est un vrai feel good documentary. On se passionne rapidement pour ce jazz chinois imprégné de chansons folks et on pourrait écouter les témoins parler pendant des heures de l'ancien temps. On s'amuse aussi à les voir protéger l'image de la Chine lorsqu'ils sont en interview avec un média étranger. Enfin, on éclate de rire à les voir échafauder un plan d'évasion lorsque l'un d'entre eux doit se faire hospitaliser avant le concert tant attendu.

Une petite merveille à regarder les étoiles pleins les yeux !

Gwenaël Germain