Carole, (Ludivine Sagnier) fait des ménages. Elle vit avec Jimmy Kremer (Alban Lenoir), élagueur de son état qui vient de se faire licencier. Ils sont les parents de trois charmants enfants : Gina (Léonie Souchaud) âgée de quinze ans, son frère Tony et sa petite sœur Nora.

Petit à petit on se rend compte que tout ne tourne pas rond chez Jimmy, au point ou un traitement psychiatrique s’avère nécessaire. Leur fille ainée cherche alors par tous les moyens à retrouver le père qu’elle idolâtrait. À travers le regard de Gina, la réalisatrice Véro Cratzborn se penche sur le thème de la psychiatrie et de ses conséquences sociales et familiales.

La forêt de mon père n’est pas d’une grande originalité formelle, ce que l’on peut en partie expliquer par son budget « serré » et le fait que ce soit une primo réalisation. Pour autant, Véro Cratzborn maitrise visiblement son sujet et l’écriture de son scénario. Carole, au sein d’une famille d’un milieu modeste doit faire face avec peu de moyens au drame qui l’attend. La réalisatrice nous dévoile ainsi avec beaucoup d’intelligence et de tact le quotidien d’une famille aimante et jusqu’alors heureuse de vivre, dans laquelle les relations étaient simples et saines. Une joie de vivre qui continuera même quand les membres de la famille se débattront contre l’adversité avec des moyens financiers très limités. Un film dans lequel tout est loin d’être noir malgré la gravité des sujets évoqués. Rien de spectaculaire mais une entrée « douce » dans le monde de la folie où l’on assiste aux dérèglements de plus en plus fréquents de la conduite du père. Pas d’idéalisation non plus car on ressent fortement le trouble que provoque la maladie dans l’ensemble du cercle familial et social.

C’est un magnifique film d’apprentissage pour l’adolescente de la famille, Gina, et une bouleversante épreuve d’amour pour ses parents. La force de ce long-métrage est de nous montrer la maladie mentale comme un état qu’il faut savoir accepter pour pouvoir vivre avec le moins de souffrance possible, le déni ou l’ostracisation favorisant au contraire un supplément de douleur.

Les trois acteurs principaux tiennent remarquablement leur personnage, ayant trouvé le juste équilibre pour donner de la crédibilité au scénario, avec une mention spéciale pour Gina qui provoque chez le spectateur une forte empathie grâce à un jeu énergique de chaque instant.

Un premier film émouvant à voir en ce moment en salles.

Laurent Schérer