Virginie, Aristide et Erik sont trois flics parisiens chargés de suppléer la pénitentiaire pour ramener un migrant, Tohirov, à l'aéroport afin qu'il soit reconduit hors des frontières. Cette mission inhabituelle pour des policiers de centre-ville vient questionner la morale de chacun. Protéger une femme des abus de son mari, arrêter les criminels, c'est leur métier, mais ramener un pauvre type vers la misère, ont-ils vraiment signé pour ça ?  Chronique de trois collègues en mal de vocation.

Après Les innocentes et Coco avant Chanel, la réalisatrice Anne Fontaine est de retour avec l'adaptation de Police le roman éponyme de Hugo Boris en s'entourant de poids lourds du cinéma français : Virginie Efira, Omar Sy et Grégory  Gadebois. Le film commence par une présentation des personnages dans les tâches quotidiennes et sordides d'un commissariat parisien. Immédiatement le film se démarque par sa caméra très proche des personnages qui rejouent plusieurs fois les mêmes scènes mais selon le point de vue de chacun des trois membres que nous allons suivre. Virginie (Virginie Efira) est une femme très volontaire qui ne s'en laisse pas conter. Aristide (Omar Sy) fait plutôt office de collègue relou, flic efficace, mais qui aime les blagues en dessous de la ceinture. Erik (Gregory Gadebois) quant à lui est plutôt dans le genre méticuleux, suivant le règlement et râlant sur le manque de moyens comme sur à peu près tout ce qui sort du cadre.

Police n'est pas un film nerveux, ce n'est pas un film d'enquête et ne parle ni de banditisme, ni des problèmes dans les banlieues. Police s'inscrit à l'envers lors de son écran titre, de la même façon qu'il est écrit sur les capots de voitures pour qu'on le lise à l'endroit dans nos rétroviseurs. Tout un symbole. Il s'agit d'un film lent qui s'attache à nous communiquer les sentiments des hommes et femmes derrière l'uniforme, s'accrochant à des petits riens, décrivant leurs superstitions et comment ils gèrent les émotions fortes et les frustrations quotidiennes. En cela, il est un cousin germain de Polisse (2011) de Maïwenn. Comme dans celui-ci nous entrons en empathie avec chacun des membres de la brigade, nous partageons leurs fous rires et leurs coups de gueule. Nous comprenons l'intime de personnages suffisamment travaillés pour contenir de la contradiction en leur sein. Police est atypique comme une voiture en service qui prend le temps de s'arrêter aux feux rouges, comme les longs moments de silences entre équipiers qu’Anne Fontaine met en scène.
Un très grand film qui nous surprend, nous tient en haleine et nous déchire.

Gwenaël Germain