Claire (touchante Catherine Frot), dévouée corps et âme à son métier de maïeuticienne, ne boit jamais une goutte d’alcool et élève seule un fils (charismatique Quentin Dolmaire, le Paul Dédalus adolescent des Trois souvenirs de ma jeunesse) dont elle espère faire un brillant chirurgien. Aux antipodes, Brigitte (hilarante Catherine Deneuve), noceuse dans les milieux branchés des capitales d’ici ou d’ailleurs et joueuse de poker invétérée, compte bien boire le calice jusqu’à la lie après avoir consumé sa vie par les deux bouts sans jamais fonder de famille. N’en déplaise à La Fontaine, cette cigale et cette fourmi sont toutes deux de sages femmes, chacune à leur façon. Des femmes pas d’emblée aimées ou aimables mais qui, par leur détermination à suivre la ligne qu’elles se sont choisies, ont réussi par elles-mêmes, sans l’appui d’un père ou d’un mari, à devenir quelqu’un(e).

Après Violette où, à travers l’amitié de Simone de Beauvoir et Violette Leduc, il filmait déjà la rencontre possible de deux femmes par-delà leurs différences de classe sociale et de mode de vie, Martin Provost signe à nouveau un double portrait de femmes aux profils opposés. Plus discrètement mais à l’instar de Valérie Donzelli dans La guerre est déclarée, le réalisateur rend également hommage à l’hôpital public et au dévouement inconditionnel de ses ‘‘hussards blancs’’ au service de tous, et non seulement de ceux qui ont les moyens de payer les honoraires scandaleux des cliniques qui cachent à peine leur mercantilisme sous le manteau de vertu de leur technologie de pointe.

F.L.