Emprisonnée puis laissée en liberté conditionnelle, Lise (magnifiquement interprétée par Melissa Guers), passe en jugement, un bracelet à la cheville. La jeune femme est en effet soupçonnée du meurtre de son amie Flora car elle est la dernière personne à l’avoir vue vivante, après l’avoir quittée suite à une soirée passée chez elle.

L’enquête à charge révèlera que Lise ne menait pas forcément la vie que devrait avoir une « jeune fille de bonne famille ». Un argument qui sera utilisé par la procureure (Anaïs Demoustier) pour pouvoir la discréditer lors du procès.

La thématique est ici identique à celle de l’excellent film policier Une part d’ombre de Samuel Tilman : il ne faut pas confondre la vie que mènent les gens et les actes qu’ils auraient potentiellement commis. Mais ici, l’action se situe dans le prétoire. Le spectateur découvre les éléments de l’enquête au fur et à mesure des débats et se retrouve ipso facto dans la peau d’un juré.

Pour le réalisateur la vérité importe peu, nous ne sommes pas dans Le crime était presque parfait d’Alfred Hitchcock ou dans L’invraisemblable vérité de Fritz Lang. Ce qui intéresse avant tout le cinéaste Stéphane Demoustier, c’est le fait de montrer ce que peut être la vie d’une adolescente de nos jours qui doit faire face au jugement prétendument moral porté par la « bonne » société sur sa conduite. En cela, Roschdy Zem (son père Bruno), et Chiara Mastroianni (sa mère Céline) sont parfaits en parents tombés du placard, bouleversés par ce qu’ils apprennent sur la vie de leur fille.

Le réalisateur laisse le soin au spectateur après exposé des parties de se forger son intime conviction. La mienne est définitive,  La fille au bracelet est tout simplement un film à voir.

Laurent Schérer