Comment passe-t-on de militant humaniste à homme politique ? Peut-on vraiment rester fidèle à ses convictions une fois élu ? Quelles compromissions doit-on accepter pour exister dans ce milieu ? Pour répondre à ces questions la réalisatrice franco-togolaise [[Personne:268225 Penda Houzangbe]] et le réalisateur français [[Personne:268226 Jean-Gabriel Tregoat]] ont suivi pendant plusieurs semaines les candidats de Podemos aux élections du parlement de la province autonome des Asturies dans le Nord de l'Espagne.

Ce pays a été durement touché par la crise économique de 2008 qui a entraîné une forte contestation sociale mise en lumière par le mouvement des indignés. De cette défiance envers les partis politiques traditionnels a émergé une nouvelle formation de gauche nommée Podemos dont les rangs étaient essentiellement formés de citoyens engagés socialement. Volontaires et proches du peuple, les candidats du nouveau parti firent d'abord de très bons résultats aux élections européennes de 2014. Cependant c'est une chose de se faire élire, et c'en est une autre que d'entrer en fonction.

Jusqu'ici versés dans les mouvements contestataires, les neufs députés régionaux élus se jettent dans le grand bain de la politique dans la joie et la bonne humeur et avec une certaine naïveté. Sans aucune expérience et armés de leurs seules convictions, ils ne tardent pas à devoir faire face aux attaques médiatiques des alliés et aux tentatives de séduction des adversaires. Doivent-ils rester dans une posture d'opposants radicaux à la gauche traditionnelle ou bien trouver une entente pour former un gouvernement avec celle-ci ? Pour certains membres du groupe, le choix est clair : il est hors de question de se fondre dans le système et de verser dans la politicaillerie. D'autres en revanche aimeraient peser sur la politique à venir, mais cela nécessite des prises de positions moins radicales qui risqueraient de décevoir leurs électeurs. Quant à Léon, le chef du groupe, il pense qu'une troisième voie est possible en créant une majorité alternative, à condition de convaincre d'autres groupes de former une coalition pour prendre le pouvoir aux socialistes.

Les réalisateurs [[Personne:268225 Penda Houzangbe]] et [[Personne:268226 Jean-Gabriel Tregoat]] ne perdent pas une miette des débats et des coups fourrés quand leurs caméras passent de bureaux en réunions. Acceptés sans condition par les membres de Podemos, les deux réalisateurs nous livrent la vérité des tractations ainsi que les doutes et les espoirs de ces jeunes députés idéalistes montrés dans leur entièreté. Le documentaire n'a d'ailleurs rien d'un exercice de propagande et n'est pas toujours tendre avec ces hommes et ces femmes emplis de valeurs humanistes qui se laissent rapidement griser par le pouvoir et les calculs d'épiciers.  Quoi de plus agaçant que de voir ces jeunes députés à peine élus réfléchir à la manière dont ils peuvent garder leurs sièges plutôt qu'à la façon dont ils peuvent impacter positivement la vie de leurs administrés ? Comme on souffre de les voir se faire malmener par les vieux briscards de la politique locale qui jouent des compliments comme d'autant de chausse-trappes ! Ces jeunes députés ont du cœur, mais cela peut-il suffire ?

Pour conclure, En política est un documentaire non partisan qui s'attache à comprendre comment la politique elle-même change les hommes. Une plongée rare au cœur du système et de ses faux-semblants.

Gwenaël Germain