Nous avions déjà salué un précédent film de Teemu Nikki présent sur Outbuster, Lovemilla (2013). Avec Euthanizer (2017) qui a représenté la Finlande aux oscars 2019, le réalisateur finlandais persiste dans la qualité.

Pas vraiment une comédie « légère », Euthanizer est un film sombre, bien que nullement dénué d’humour, sur la mort, et par ricochet sur le sens que nous donnons à notre vie et à celle des animaux.

Veijo (Matti Onnismaa) est un personnage pétri de principes et qui, en complément de son travail de mécanicien, se charge d’euthanasier les animaux à la demande de leur maitre quand le besoin s’en fait sentir. Mais c’est là un domaine où règne la subjectivité. Les raisons invoquées par les maitres ne sont pas toujours valides aux yeux de Veijo qui  sait le dire d’une manière qui lui est propre. L’homme n’est donc pas toujours bien vu, d’une part à cause son activité qui ne provoque pas d’emblée la sympathie, mais aussi parce que sa rigidité psychologique le rend asocial.

Un jour le misanthrope prend pitié d’un chien dont le maitre Petri (Jari Virman) est membre d’une secte néonazie. Il recueille ainsi l’animal au lieu de le tuer. C’est alors le début d’un conflit avec des extrémistes de droite, drame sur lequel se greffe une histoire d’amour insolite, le résultat étant un film de vengeance détonnant.

Sévère condamnation des hommes qui traitent les animaux comme des objets et qui s’en débarrassent pour un oui ou pour un non, ce long-métrage sous des abords loufoques est finalement extrêmement réaliste dans l’analyse de nos rapports avec les animaux « de compagnie ». De fil en aiguille, le film s’interroge alors sur la condition humaine et le droit de se faire justice soi-même.

De L’inspecteur Harry en passant par le Fargo des frères Coen, Euthanizer est un film inclassable qui tire ses inspirations autant du western, de la série B que du thriller social dans la description de la ruralité finlandaise. Il est porté par une très bonne interprétation, grâce à Matti Onismaa qui a déjà plus de cent rôles à son actif (cinéma, télévision, théâtre) et Hannamaija Nikander dont le jeu est très efficace dans le rôle de Lotta, l’infirmière névrosée.

Bref un film qui, malgré son synopsis a priori peu engageant, vaut largement le détour.

L.S.