Un divan à Tunis est une comédie familiale très réussie signée par la primo-réalisatrice franco-tunisienne [[Personne:266956 Manèle Labidi]] dans laquelle on retrouve [[Personne:6688 Golshifteh Farahani]] dans le rôle de Selma, une psychanalyste de retour dans son pays natal après des études en France.

N’attendez pas ici d’analyse sociale à la manière de [[Film:18170 Prendre le large]] de [[Personne:10052 Gaël Morel]] dans lequel jouait une [[Personne:2510 Sandrine Bonnaire]] délocalisée dans le textile au Maroc. Le point de vue de vue d’Un divan à Tunis est bel et bien celui de la comédie. [[Personne:6688 Golshifteh Farahani]] joue parfaitement l’ingénue qui ne comprend pas les obstacles qui l’empêchent de réaliser son objectif : installer son cabinet de psychanalyste à Tunis.

Un des ressorts comiques vient du fait que nous sommes dans une situation « à l’envers » du discours tenu sur notre sol par les moins accueillants des Français. En effet, la « Française » se retrouve la travailleuse immigrée à qui l’on demande de « retourner dans son pays ». Quand on lui demande pourquoi elle a choisi de retourner en Tunisie, alors que tant de jeunes souhaitent partir du pays, elle avoue simplement qu’elle pense ne pas être utile en France vu qu’il y a déjà dix analystes dans sa rue dont deux dans son immeuble. Mais, en France depuis dix ans, elle a perdu tout contact avec la réalité de son pays et le fonctionnement des rapports sociaux.

Si, suite à la révolution tunisienne, beaucoup de choses ont été remises en cause dans ce pays et sont à reconstruire, il reste néanmoins des lourdeurs administratives et des préjugés qui gêneront Selma dans son désir d’apporter de l’aide aux déboussolés et autres perturbés par cette nouvelle donne. Le défilé des patients et les tribulations familiales, en particulier celles d’une cousine délurée, provoqueront des situations comiques tout en laissant apparaître en arrière-plan une critique de la société tunisienne facilitée par les « maladresses » et la naïveté de la jeune femme.

Les images accompagnées de dialogues savoureux et d’une musique entrainante accouchent d’un film attachant, l’ensemble comme il se doit se terminant finalement bien, la situation de Selma régularisée, les patients en cours de guérison et l’équilibre de la famille retrouvé.

Un très bon « feel good movie », qui fera passer à ses spectateurs quatre-vingt-dix agréables minutes.

 

Laurent Schérer