Simon est un petit garçon qui grandit en Bretagne au sein d'un orphelinat. Un jour, lors d'un goûter organisé sur le port du village, il rencontre Madeleine et Thomas, avec qui il se lie immédiatement d'amitié et fait les 400 coups. Alors, quand le petit Thomas insiste pour qu'il passe le week-end dans la demeure familiale, Simon ne se fait pas prier. Les parents sont accueillants et les enfants, comme tous les petits enfants en pareil cas, se construisent dans la chambre une cabane de draps sous laquelle ils tiennent conseil la nuit venue. Pour devenir frères et soeur de sang, chacun doit livrer son plus grand secret. Thomas a déjà vu sa maman toute nue ! Le secret de Mad est plus triste, elle est malade et a entendu ses parents dire qu'elle ne passera pas vingt ans. Simon, lui, est timide, il n'ose pas se dévoiler mais il est prêt à tout pour ses nouveaux amis, alors sous leurs yeux, il change d'apparence et prend celle d'un autre petit garçon. "Refais voir ?"

Premier long métrage de [[Personne:266514 Léo Karmann]], La dernière vie de Simon est un enchantement, un conte fantastique comme le cinéma national en produit rarement. Bien que l'histoire commence dans les années 2000, l'image nous replonge immédiatement dans l'univers des films pour enfants du début des années 1990. Cadrage, lumière, rythme, c'est bien simple on se croirait devant un [[Personne:3607 Spielberg]], comme si la salle de cinéma nous avait téléporté à l'époque de [[Film:27442 Hook]] ou de [[Film:13249 Jumanji]] premier du nom. Il y a dans La dernière vie de Simon quelque chose qu'on n'avait oublié du cinéma, quelque chose qui nous renvoie à nos dimanches après-midi d'hiver devant la télévision, quand on sirotait notre chocolat chaud sous les couvertures parce qu'il faisait trop froid dehors pour sortir un ballon.

Cependant, n'allez pas croire que le film de [[Personne:266514 Léo Karmann]] surfe sur la vague des remakes et de tous ces mauvais films nostalgiques qui n'ont gardé que le nom de franchises en en oubliant l'âme. La dernière vie de Simon n'est pas une caricature de film Hollywoodien, son scénario est simple, parfois un peu prévisible, mais il n'est pas idiot et reprend à son compte les thématiques de la construction de l'individu. Comment un adolescent se construit-il quand il joue sans cesse un rôle aux yeux du monde qui l'entoure ? Que voit-il quand il se regarde dans le miroir ? Pour apporter sa réponse, le jeune réalisateur, il n'a que trente ans, ose le fantastique et le mélange de genre. Tout d'abord intimiste et familial, le film glisse vers le drame puis presque vers le thriller, et ce, sans que le film ne perde de son homogénéité ni de sa magie.

Impossible enfin de parler de La dernière vie de Simon sans tirer un grand coup de chapeau à la bande son réalisée par [[Personne:8644 Erwan Chandon]] qui rappelle les grandes heures de [[Personne:3608 John Williams]]. Quelques notes suffisent en effet à nous transporter des côtes de Bretagne bien réelles au monde de légendes issus de l'imagination de [[Personne:266514 Léo Karmann]]. Impossible également de passer à côté de la performance des acteurs qui arrivent à faire croire à cette semi réalité. Avec tous ses changements d'apparences, ce ne sont pas moins de quinze acteurs qui endossent le rôle de Simon à un moment ou à un autre, sans pour autant qu'on ne doute un seul instant qu'il s'agisse d'un seul et même personnage. Et c'est une belle réussite du film, que les acteurs, des têtes d'affiches aux seconds rôles arrivent à nous faire croire à l'imaginaire.

Pour conclure, La dernière vie de Simon est un film qui étonne dans notre paysage national. Véritable conte pour enfant comme pour adulte, imbriquant à merveille le fantastique dans le réel, le film nous rappelle comme le cinéma peut être magique.

Gwenaël Germain.