Dix ans à peine et un physique d’angelot, Bernadette alias Benni ([[Personne:266456 Helena Zengel]]) est une boule de nerfs, violente, voleuse, vulgaire et totalement imprévisible. Sa mère ayant baissé les bras, Benni est ballottée de familles d’accueil en foyers depuis son plus jeune âge. Même le personnel médical de l’unité psychiatrique où elle est désormais résidente peine à la contrôler. Seul Micha ([[Personne:7808 Albrecht Schuch]]), un AVS lui-même un peu bourru, est persuadé - avec ses méthodes peu conventionnelles - de pouvoir aider la petite fille à retrouver le chemin de l’école et de la sérénité.

À la croisée entre [[Film:11733 L’Enfant Sauvage]] de [[Personne:24 François Truffaut]] et le plus récent [[Film:562 Mommy]] de [[Personne:3958 Xavier Dolan]], la jeune cinéaste allemande [[Personne:66679 Nora Fingscheidt]] raconte le parcours difficile d’une famille éclatée, en alternant entre le point de vue de l’enfant et celui des adultes. Comme la petite protagoniste, le spectateur est lui aussi tributaire de ces allers retours incessants qui ne laissent aucun temps de repos. Le film est ainsi lancé à cent à l’heure, suivant les crises de Benni, ses cavales et ses colères, au rythme d’une musique dissonante. Pourtant, comme le Victor de [[Personne:24 Truffaut]] et le Steve de [[Personne:3958 Dolan]], Benni reste un personnage très attachant car le film n’oublie pas de rappeler qu’un enfant, si compliqué soit-il, reste un être vulnérable que les adultes se doivent de protéger. Dans ces rôles-titres, on retrouve donc le personnage de Micha, la traditionnelle brute au cœur tendre, et l’assistante sociale Madame Banafé ([[Personne:100924 Gabriela Maria Schmeide]]), dont le nom raisonne comme ce qu’elle est, une bonne fée. Plus en retrait que Micha dans le récit, ce personnage est pourtant sans doute le plus beau, celui qui brise le cœur tout en faisant un bien fou.

Dénué de sentimentalisme, le film évite aussi de pointer du doigt les éventuels responsables. On rechigne par exemple à blâmer la mère de Benni, dont les absences et les faux pas exaspèrent mais que le réalisatrice prend le temps d’expliquer. A défaut donc de coupables à maudire, c’est la sensation d’injustice qui prédomine. Et l'énergie que la jeune [[Personne:266456 Helena Zengel]] insuffle au film l’empêche d’être une œuvre déprimante en amenant au contraire son spectateur à croire dur comme fer en une cause que tout le monde pensait perdue.

S.D.