Film sur la prostitution à Paris d’une Chinoise du Dongbei, région du Nord-Est de la Chine, Larmes amères d’Olivier Meys relate le parcours de la jeune Lina (Qi Xi), persuadée de faire fortune, mais qui se retrouve, pour ne pas perdre la face, à faire le trottoir dans la capitale française.

Olivier Meys le plus chinois des réalisateurs belges (il a travaillé de nombreuses années en Chine), décrit les circonstances qui ont conduit Lina à vivre cette histoire sordide, montrant à quel point l’orgueil et le mensonge peuvent être destructeurs pour la personne, sa famille, et ses relations sociales. En effet, au fur et à mesure du film, la jeune chinoise ne voulant pas avouer sa véritable activité, invente des histoires dont les conséquences iront au-delà de sa propre personne. Dans cette spirale du mensonge, il faut souligner la performance de la jeune actrice chinoise qui passe avec brio durant 96 minutes du rôle de l’ingénue à celui de l’affranchie.

Avec son premier long métrage de fiction, le réalisateur montre avec précision la spirale d’enfermement vécue par cette jeune ambitieuse à la fois une victime et un bourreau d’une société du « bling bling » qui la poussera à devenir sans son consentement un rouage de la traite des jeunes filles. Il tisse également une critique sévère des deux sociétés, la française et la chinoise, toutes deux compromises dans de sales histoires de maltraitance de jeunes filles où la faiblesse financière est utilisée comme contrainte.

Un film dur dans son propos mais nécessaire comme témoignage par un réalisateur à suivre.

L.S.