Piégée puis séquestrée par un couple à la façade avenante, une lycéenne (Ashleigh Cummings) devient le jouet d’un pervers narcissique (Stephen Curry) et de sa compagne (Emma Booth), complice et victime à la fois.

Grand amateur de films de tueurs en série, fils d’une mère écrivaine de romans policiers, Ben Young a très tôt été fasciné par la psychologie des meurtriers, et plus encore par celle des meurtrières. C’est la raison pour laquelle, même si Love hunters a pour point de départ la séquestration d’une adolescente, le film est avant tout l’exploration de la relation de co-dépendance affective perverse qui lie le couple de criminels. Loin de faire des inévitables scènes de violence le point nodal de son film, le réalisateur australien s’attarde davantage aux séquences d’échanges entre les personnages, dans lesquelles il donne à voir la manipulation à l’œuvre : jouant sur les failles affectives de sa compagne, le pervers alterne savamment flatteries mielleuses et reproches humiliants pour maintenir l’autre dans un état d’insécurité psychique permanent qui brouille assez l’esprit pour tuer dans l’œuf le moindre éclair de lucidité.

Doué dans l’art du suspense, Ben Young se fait lui-même habile manipulateur. Par ses nombreux flash-backs, il donne au spectateur une prescience des événements de manière à le maintenir ensuite sur ses gardes jusqu’à ce qu’ils adviennent. Par ses hors-champ, enfin, il le laisse se torturer lui-même par son imagination. Si l’on devait mettre un bémol à Love hunters, il résiderait dans le caractère excessivement romanesque de certains éléments du scénario, néanmoins largement compensé par l’hyper-réalisme troublant de la représentation des mécanismes de manipulation affective.   

F.L.