Nina Wu est un long métrage du réalisateur Midi Z, résidant à Taiwan et né en Birmanie et qui a déjà de beaux films à son actif (Adieu Mandalay). Grâce à la reconnaissance critique acquise avec ses précédents opus, Midi Z a obtenu un budget confortable qu’il a su parfaitement utiliser pour mettre en scène le récit de son héroïne Nina Wu.

Cette nouvelle réalisation traite d’un sujet d’actualité, celui de la domination masculine. Le réalisateur s’autorise d’ailleurs un clin d’œil à l’affaire Weinstein. En effet, le numéro 1408 de la chambre dans laquelle se passe le casting dans le long-métrage est aussi le titre d’un film produit par le producteur américain mis en cause dans de nombreuses affaires de viols.

Nina Wu, (magistralement interprétée par la scénariste elle-même, Wu Ke-Xi) est une jeune femme immigrée à Tapei. Elle désire faire carrière dans le cinéma, mais ne tourne que dans des spots publicitaires jusqu’au jour où son agent lui transmet une proposition d’un rôle principal dans un film d’espionnage. Elle va alors découvrir qu’il faut se plier aux exigences du producteur pour obtenir son nom en haut de l’affiche.

Par le biais d’un récit éclaté qui nous propose une intrigue autour d’une actrice à la recherche d’un vrai beau rôle, Midi Z met en scène le stress post-traumatique de son héroïne Nina Wu.

Le film se situe donc à la frontière entre le conscient et l’inconscient de la victime, ce qui le rend parfois complexe à comprendre. En effet, le récit est hanté par les  souvenirs et les rêves de Nina Wu qui contaminent  au fur et à mesure la « réalité ». Nous assistons ici à la description d’un stress post-traumatique dans lequel revient de façon récurrente, les évènements qui ont amenés à la scène qui a provoqué le traumatisme. Pour ce faire, le réalisateur nous offre de très belles scènes à la Dario Argento que ce soit ce dédale de couloirs qu’elle doit traverser pour trouver la chambre 1408 ou bien alors cette manière que le réalisateur à de rendre tangible les terreurs et les angoisses qui ont suivi le trauma de Nina Wu.

Le montage du film est fait pour que le spectateur se perde. Cependant quand on reconstitue la trame,  l’ensemble est tout à fait cohérent. En effet, il est toujours possible, si l’on est un minimum concentré, de comprendre rapidement ce qui est de l’ordre du rêve, du flash-back ou de la réalité. Ainsi, la scène qui a déclenché le stress, que l’on verra en deuxième partie de film, semble d’abord un cauchemar, mais l’on comprendra vite qu’elle est un souvenir refoulé dans la mémoire de Nina Wu.

Ce film est une réussite à tous les niveaux. Que ce soit son montage, sa photographie, l’interprétation ou le scénario, Nina Wu est une œuvre marquante. Alors, bientôt une palme d’or pour Midi Z ?

Laurent Schérer