Yumiko (Yôko Tsukasa) s’apprête à quitter le Japon pour Washington avec son époux mais le beau rêve se brise lorsque ce dernier meurt dans un accident de la route. Mishima (Yûzô Kayama), au volant de l’autre voiture impliquée dans l’accident, tente de se racheter auprès de la veuve. Commence alors pour tous les deux un long chemin vers le pardon.

 

Sorti en 1967 et inédit en France, Nuages épars est le dernier film du réalisateur Mikio Naruse. À partir d’une situation très simple mais inextricable, le cinéaste japonais met en scène la relation impossible entre une veuve et « l’assassin » de son mari. En quelques minutes les jeux sont faits, et le film ne tiendra que sur ce rapport biaisé entre Mishima et Yumiko, Naruse faisant l’impasse sur le traditionnel « triangle » de personnage d’habitude utilisé pour ce genre de films. Piégés entre morale et sentiments, les deux protagonistes se débattent pour trouver la paix et faire face à un amour naissant. Le drame de cette relation construite sur un accident, de cette collision de vies entre deux personnes qui n’auraient jamais dû se rencontrer, ou surtout pas dans ces circonstances, se déploie presque tranquillement pendant 1h50. Pas de coups d’éclat, juste l’avancée inexorable des choses et l’évolution des sentiments. Le style classique, assez planant, mais très efficace de Naruse sublime l’ensemble. En ce sens, la séquence finale de ces Nuages épars, trois derniers plans d’une simplicité folle mais d’une charge émotionnelle intense, est sans doute l’une des plus belles choses vue cet été.


T.K.